En conduisant lui-même la délégation de son pays au FMI, Fatshi adresse un message clair
  • jeu, 05/03/2020 - 23:29

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1483|VENDREDI 6 MARS 2020.

Le nombre de visites à l’étranger du Président de la République en effarouche plus d’un. Il y a en qui pensent que ces voyages auraient dépassé le nombre supportable de cinquante voire plus. En clair, ces visites auraient atteint voire dépassé un niveau politiquement raisonnable. Pourtant, plus les jours passent, mieux on perçoit la logique de ces déplacements présidentiels.

C’EST LUI ET LUI SEUL QUI SERA JUGE.
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui fait face à nombre de défis dans le contexte d’un Exécutif national et local où il partage le pouvoir, mieux, où il a concédé d’importants espaces de pouvoir, sait que quoique c’est «le Gouvernement (qui) conduit la politique de la Nation» (...), qu’il dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité (...), est responsable devant l’Assemblée nationale» (art. 91 de la Constitution), c’est lui et lui seul qu’au terme de son mandat de cinq ans, le Congo jugera. Il souhaite alors être et rester au front, lui-même, à chaque fois qu’il le peut - et il en a de l’énergie, par bonheur - pour mieux évaluer l’urgence et l’importance des enjeux.
Pour un pays qui fait face à moult contingences - que de conflits récurrents dont celui dit de la Première guerre mondiale africaine, que de traquenards hier comme aujourd’hui - le front extérieur qu’il soit diplomatique ou économique et financier est certainement le plus urgent à stabiliser.
Dans un début de mandat et, bientôt, à mi-mandat, alors que les critiques affluent de toutes parts notamment dans le gonflement de dépenses publiques et dans la multiplication de la parole publique trop souvent sans la nécessaire cohérence, qui donc que lui-même Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, peut assurer les fonctions régaliennes, parler en tête-à-tête avec ses homologues et mieux s’expliquer, mieux percer les messages, mieux les comprendre, et, in fine, défendre sa gouvernance?
D’où la multiplication de colloques singuliers lors de ces déplacements...
On comprend alors qu’il ait commencé son mandat par un tour des pays voisins qu’il a voulu sécuriser : Luanda, Nairobi, Brazzaville, Addis-Abeba, Windhoek, Kampala, Kigali, Dakar, etc., dont certains ont été visités deux ou trois fois en une année tel le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola sans jamais penser laisser de côté la grande Amérique qui a toujours pesé, depuis l’indépendance, dans les affaires du Congo et où certainement rien de plus durable ne saurait se faire sans Washington.
Les Etats-Unis ont ainsi été le pays hors Afrique que le Président de la République a visité en premier avant la Belgique et la France. Et bien avant l’Allemagne et la Grande Bretagne, pays certes historiquement bien lointains mais qui comptent dans la marche du monde. Washington où Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rencontré du 3 au 6 avril 2019 non seulement des politiques - des représentants de haut niveau de l’administration américaine - au Département d’Etat où il a eu un entretien avec le chef de la diplomatie américaine Michael Richard Pompeo dit Mike Pompeo mais aussi à la Maison Blanche où il avait échangé avec le Conseiller à la sécurité nationale John Robert Bolton (2018–2019).
Peut-on se rendre à Washington sans se préoccuper du volet économique et financier qui passe par les deux institutions de Bretton Woods, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international?

INCONTOURNABLES FMI ET BM.
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo fut ainsi l’un des derniers Chefs d’Etat du monde à rencontrer dès le lendemain de sa venue, le 4 avril 2019, la directrice générale française du FMI sur le départ vers ses nouvelles fonctions de présidente de la Banque Centrale Européenne. Christine Lagarde qui avait pu applaudir dans les années 2010 les efforts d’un Congo sur la voie du redressement de ses finances publiques fut celle qui assista deux ans plus tard, en 2012, à l’arrêt de la coopération entre son institution et l’énorme pays au cœur du Continent africain. La Française ne put d’empêcher de se féliciter d’une nouvelle opportunité de renouer avec le Congo. «Je suis ravie qu’on ait pu renouer la relation et mettre en place ensemble ce partenariat pour travailler à l’amélioration de la situation économique et la situation de la population», expliquait-elle aux médias congolais.
Profitant d’une nouvelle visite à Washington offerte par la conférence de l’AIPAC (The American Israel Public Affairs Committee) où il arrivait pour la troisième fois depuis sa prise de fonctions le 24 janvier 2019, le président de la République a conduit lui-même la délégation de son pays à une réunion avec la nouvelle directrice générale du FMI, la Bulgare Kristalina Ivanova Georgieva-Kinova.

SELE A SA DROITE, DEO A SA GAUCHE.
A sa droite, le ministre des Finances José Sele Yalaghuli et à sa droite le Gouverneur de la Banque Centrale Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a livré lui-même le message dont il était porteur à la directrice générale du FMI. Celui relatif à la mise en œuvre du Programme de Référence convenu avec les services du FMI au dernier trimestre 2019.
Le Président de la République a remercié le FMI de l’appui à la balance des paiements reçu du FMI (368 millions de US$) en rappelant les efforts fournis par son pays pour préserver la stabilité du cadre macro-économique et respecter les repères du programme de référence de décembre 2019 sans néanmoins oublier les contraintes qui n’ont pas facilité l’augmentation des recettes et les difficultés rencontrées en vue de réduire certaines catégories de dépenses. Ce qui a été à la base des déficits en janvier et février 2020.
Il a sollicité la flexibilité du FMI lors de l’évaluation des repères du programme de référence de l’année 2020, considérant la détermination du pays à poursuivre le programme et à conclure rapidement un programme triennal avant la fin de cette année.
La Bulgare Kristalina Ivanova Georgieva-Kinova que le Chef de l’Etat rencontrait pour la deuxième fois après une précédente rencontre le 30 septembre 2019, semble s’être montrée très attentive à cette demande en soulignant néanmoins la volonté du FMI d’accompagner le Congo dans le cadre d’un programme triennal, recommandant cependant la poursuite des efforts visant la mobilisation accrue des recettes et la restauration de l’équilibre des finances publiques. «Excellent échange de vues avec le Président Tshisekedi sur l’importance d’agir résolument pour accroître les recettes, améliorer la gouvernance et protéger les dépenses sociales, tout en limitant les dépenses aux ressources disponibles», a-t-elle déclaré à l’issue de cet échange.
Le Chef de l’Etat a annoncé la mise en place prochaine d’une commission mixte Gouvernement-Présidence de la République en charge du suivi rapproché de l’amélioration des recettes et de l’exécution des finances publiques. Lors de cette réunion, il a aussi été question du renforcement des capacités des agents de l’administration fiscale et douanière, de la mise en place par Kinshasa d’un arsenal de lutte contre la corruption au niveau des régies financières pour améliorer la collecte des ressources.
D. DADEI.


Related Posts

About author

Portrait de D. DADEI