Kabund marque un grand coup
  • ven, 12/06/2020 - 05:08

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1488|VENDREDI 12 JUIN 2020.

Difficile de dire si la justice lui donnera raison ou pas. Il n’empêche! En réussissant au conseil d’Etat de faire déclarer recevable son action contre la présidente de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda Lioko qui a procédé le 25 mai à sa destitution, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a marqué un grand coup. Dans un arrêt de forme, en attendant que la Cour Constitutionnelle se prononce sur le fond, elle qui a compétence d’annuler la décision de la plénière de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire, confirmer ou annuler la déchéance, le président a.i de l’UDPS a gagné une première bataille : l’ordre de suspension du processus engagé samedi dernier de l’élection de son rempaçant au poste de vice-président de l’Assemblée Nationale. C’est un juge administratif qui a pris un arrêt provisoire ordonnant la surséance des effets d’une décision administrative.

SAUVE PAR LE GONG.
Signe que le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale certainement sur un siège éjectable, a voulu faire parler le droit et la justice.

Qui l’en empêcherait? C’est un droit le plus légitime, dans un pays de liberté et un Etat de droit, de contester un acte et de se présenter devant un juge.

D’aucuns y verront une rébellion contre une décision du Parti d’autant que la candidate au remplacement de Jean-Marc Kabund-A-Kabund au bureau de l’Assemblée Nationale, l’élue UDPS de Likasi, Haut-Katanga, Patricia Nseya Mulela, seule candidate à être retenue au poste, a été accompagnée au dépôt de sa candidature par le parti représenté par son secrétaire général, Augustin Kabuya Tshilumba. Jamais certainement, celui-ci ne se serait déplacé s’il n’avait pas reçu le go du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, autorité morale de l’UDPS et chef suprême du parti historique.

On pourrait certes percevoir un certain trouble. Sauf qu’à l’UDPS et dans son intime conviction, le Chef de l’Etat n’a jamais cessé de le proclamer et de le répéter : jamais, après une trentaine d’années de combat pour la liberté et l’Etat de droit au Congo, il ne lui arrivera de donner l’image d’un chef autocrate et donc, cela va de soi, qu’il a le souci sans cesse de laisser libres les siens s’exprimer. On pourrait également y voir des signes de faiblesse dans l’exercice du pouvoir. Il s’agit certainement d’une absence de cohérence, mieux de discipline qui existe rarement ailleurs. Mais aussi le fait que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne soit pas intervenu dans ce processus judiciaire montre certainement l’indépendance dont jouit désormais la justice congolaise.

Reste que si la campagne électorale s’est terminée mercredi 10 juin, l’élection proprement dite était prévue pour le vendredi 12 juin.
Si, entre-temps, la Cour Constitutionnelle ne s’est pas prononcée, l’Assemblée nationale - les vacances parlementaires arrivant de toute vitesse, la fin de la session en cours est prévue pour le 15 juin - Jean-Marc Kabund-A-Kabund pourrait être sauvé par le gong et contraindre la Chambre à en remettre le couvert à la prochaine rentrée, c’est-à-dire, à la session mars. Un vrai camouflet pour ceux qui ont célébré tôt cette éviction.
D. DADEI.


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