Des soldats français sodomisaient des enfants centrafricains à Bangui
  • dim, 03/05/2015 - 23:36

En, le débat fait rage. Le Parti communiste demande samedi la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les accusations de viols sur des mineurs portées contre des soldats français. Quatorze d’entre eux, dont certains identifiés, sont concernés par ces accusations d’abus sexuels, révélées par un rapport des Nations unies diffusé par le quotidien britannique The Guardian» (tendance travailliste, la gauche britannique).
Fin juillet 2014, le parquet de Paris et le chef d’état-major des forces armées ont lancé des enquêtes parallèles mais l’existence de ces investigations n’a été confirmée que la semaine dernière à la suite d’une fuite sur le rapport de l’ONU. Anders Kompass, l’employé de l’Onu qui a dévoilé le rapport, a été suspendu. «Si les faits sont avérés, c’est donc le «lanceur d’alerte» qui est sanctionné, alors que les auteurs présumés de ces crimes ne sont toujours pas inquiétés, un an après». «De lourdes questions se posent en France», poursuit le PCF. «Comment se fait-il que les enquêtes internes et judiciaires ne progressent pas ou si lentement? Pourquoi les citoyens français n’ont-ils pas été informés?» La commission devrait établir, notamment «les chaînes de responsabilités», d’éventuelles défaillances des enquêtes interne et judiciaire et les raisons pour lesquelles les autorités françaises avaient jusqu’ici gardé le silence. Ces abus sexuels d’enfants ont été commis entre décembre 2013 et mai-juin 2014. Le président François Hollande a promis d’être «implacable». L’armée française assure qu’elle ne veut pas «cacher quoi que ce soit».

«FELLATIONS» ET SODOMIE.
D’après Le Monde (Paris), quatre garçons, âgés de 9 à 13 ans, ont déclaré à une employée de l’ONU avoir été victimes de ces viols. Deux autres enfants ont affirmé avoir été témoins de ces abus sexuels. Selon The Guardian, les soldats sont soupçonnés d’avoir abusé de ces jeunes garçons «affamés et sans abri» en échange «de nourriture ou d’argent». Selon Le Monde, le «document de travail» de l’ONU qui a fuité évoque des «fellations». Les enfants situent ces abus sexuels dans un «abri» aux abords de la barrière d’accès à l’aéroport de Bangui, gardé par des soldats français. Un petit abri fait de sacs de sable existe bien près de cette barrière, qui jouxte le centre pour déplacés où vivent les enfants. Selon une source proche du dossier, les accusations visent aussi cinq militaires étrangers. Il s’agit de trois soldats tchadiens et de deux équato-guinéens, a précisé la codirectrice de l’ONG américaine Aids-Free World, Paula Donovan, qui a consulté le rapport de l’ONU et l’a communiqué au Guardian. Un des deux enfants témoins dit avoir assisté à une sodomie pratiquée par un de ces soldats étrangers. Ces faits ne sont pas visés par l’enquête française. Selon une source judiciaire, le ministère a reçu cette information le 29 juillet 2014 sous la forme d’un document de travail de l’ONU, qu’il a aussitôt transmis à la justice française. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire le 31 juillet pour «viols sur mineurs de 15 ans» sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale, après «dénonciation» du ministère de la défense. La section de recherches (SR) de Paris et la SR de la gendarmerie prévôtale - une formation dont la mission principale est d’enquêter auprès des forces armées françaises stationnées hors du territoire français - ont été saisies.
Les gendarmes de la prévôté ont été envoyés dès août 2014 dans le camp de déplacés pour effectuer des vérifications, mais n’ont pu interroger les enfants, faute de cadre légal. S’il ne remet nullement en cause les déclarations «très précises» des enfants sur les actes sexuels évoqués, le compte rendu des gendarmes soulève quelques questions à éclaircir sur le déroulement précis des faits, au regard notamment de la topographie des lieux présumés des faits, explique une source proche du dossier.

UN RAPPORT ETOUFFE?
En septembre, le parquet de Paris a envoyé une demande d’entraide à l’ONU pour obtenir la levée de l’immunité de l’employée onusienne qui avait recueilli le témoignage des enfants, une condition nécessaire pour l’auditionner même en qualité de simple témoin. Une demande refusée par l’ONU, qui a en revanche accepté de lui transmettre un questionnaire écrit. Les réponses à ce questionnaire ne sont parvenues au parquet de Paris que sept mois plus tard, le 29 avril, soit la veille de la révélation du scandale, ce qui a considérablement ralenti l’enquête, explique encore une source proche du dossier.
L’ONU a pourtant confirmé avoir enquêté dès le printemps 2014 sur des «accusations graves d’exploitation sexuelle et d’abus commis sur des enfants par des militaires français» en République centrafricaine. Le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, a également confirmé qu’Anders Kompass, un haut fonctionnaire de l’ONU, qui a transmis en 2014 les résultats de cette enquête aux autorités françaises au mépris des procédures avait été suspendu. «Notre conclusion préliminaire est qu’une telle conduite ne peut pas être considérée comme celle d’un lanceur d’alerte», a souligné le porte-parole.
M. Kompass a transmis le rapport aux autorités françaises après avoir constaté que l’ONU tardait à agir, affirme le Guardian. Une version contredite par une source onusienne, qui affirme, sous couvert de l’anonymat à l’Afp, que le responsable avait fait fuiter le rapport une semaine seulement après qu’il eut été fourni par les enquêteurs, et que son action ne pouvait donc pas s’expliquer par une frustration devant un manque de réactivité de l’ONU. Un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a jugé «offensant» d’être accusé d’avoir étouffé ces accusations.


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