Tshisekedi veut se faire voir mais la santé ne répond pas
  • ven, 26/06/2015 - 03:55

Depuis belle lurette, transféré en Belgique pour des soins après un état de santé jugé sérieux par ses médecins congolais, les apparitions en public d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le président de l’UDPS, se font plutôt rares. S’il n’a su rencontrer à ce jour quasiment personne en dehors de sa famille biologique - même pas son propre conseiller spécial Valentin Mubake parti dans l’espoir de s’entendre donner des instructions sur la conduite à tenir pour la bonne marche d’un parti noyé dans des contradictions, tiré à hue et à dia, le Sphinx a néanmoins accepté d’honorer la demande de rencontre d’une interafricaine d’opposition: délégués brazza-congolais, burundais, centrafricain, tchadien, sénégalais, etc., étaient rassemblés dans le bar anglais de hôtel MontGoméry à Bruxelles.

Tshisekedi est venu et on dira c’est l’essentiel... La santé va mieux, c’est manifeste; l’homme reprend mais le corps ne répond pas, tout au moins pas encore très bien, c’est visible par la vidéo postée sur Youtube. Chacun des opposants a pu dire tout le mal qu’il pensait du régime à la tête de son pays et décrire le pouvoir dictatorial, sanguinaire qui règne contre le peuple...

A S’EN DECROCHER LA MACHOIRE.
Expliquant l’urgence qu’il y a à organiser des élections libres, transparentes et démocratiques, préalables à la venue d’un Etat de droit mais également les difficultés que présente la tenue de ces scrutins qui ne peuvent être la panacée... Dont les résultats sont connus d’avance. Au Burundi par exemple tout comme en Centrafrique, il est question de retarder les scrutins - les conditions d’une tenue d’élections à court terme n’existant pas - mais aucun opposant n’y attend rien de bien... L’opposant brazza-congolais trouve qu’à Brazzaville comme à Kinshasa, les deux Présidents consultent et il sait pourquoi: pour le troisième mandat que les Constitutions interdisent.

«J’ETAIS ENCORE TRES JEUNE...»
Au total, trois ou quatre opposants présentent pendant cinq ou sept minutes chacun la situation interne de leurs pays, attendant un discours robuste, mobilisateur, historique, extrêmement idéologique de l’opposant historique congolais justifiant son combat et le combat de l’opposition africaine et qui serait la raison d’une rencontre d’opposants africains à Bruxelles... Quand l’opposant anti-Nkurunzinza fait état de la fuite à l’étranger des opposants et des journalistes, l’opposante anti-Débis aura retenu le plus l’attention par la chaleur et l’originalité du verbe. «J’étais encore très jeune et à l’école quand j’entendais parler de vous. Comme femme, mère et épouse, j’attendais tellement ce moment de vous rencontrer. Je prie Dieu-le-Père-Tout-Puissant de m’avoir donné cette chance et pour qu’il vous donne encore des années de vie, des années de santé...».
C’est peu de dire que tous sont partis abassourdis par ce qu’ils ont vu et reçu... Quand il n’y a plus personne pour prendre la parole et que le modérateur zaïro-congolais se tourne vers «Son Excellence Monsieur le Président de la République» - - à qui il ne manquait plus que les insignes visibles du pouvoir, le drapeau tricolore ne pouvant être amené en ces lieux publics sur un territoire étranger, ce qui aurait interloqué la police et provoqué quelques mouvements sauf à s’imaginer qu’il s’y tenait un théâtre congolais - pour demander qu’il prenne la parole et s’adresse à ces personnalités tirées pour l’occasion à quatre épingles en les électrisant, Etienne Tshisekedi donne l’impression d’un homme qui n’a rien entendu et se perd à bâiller de fatigue à s’en décrocher la mâchoire...
Quand par deux fois, la caméra complice l’en surprend, elle s’en détourne aussitôt mais le spectacle est si continu qu’elle ne peut plus rien cacher. C’est à la troisième demande que Tshisekedi parvient à placer trois phrases - pas plus: «Vous avez raison... Seul l’Etat de droit peut nous aider... C’est comme vous le dites, suivez mon exemple...»
Et c’est la fin. On attend à l’idée que «Son Excellence Monsieur le Président de la République» se relance et donne à croire et à rêver... C’en est fini... pour aujourd’hui. La déception est réelle. Avoir fait un si long voyage pour ça... Avoir si longtemps attendu ce rendez-vous pour ça!... Tout ça pour ça!
Il faut quand même faire une photo de famille. Le complice zaïro-congolais se met à l’idée que faute d’avoir obtenu un scoop du Sphinx, il faut quand même une photo et d’inviter le vieil homme à la photo de famille. Mais Etienne Tshisekedi paraît niais, n’a rien compris à ce qui se passe autour de lui... Le Zaïro-congolais insiste pour que «Son Excellence Monsieur le Président de la République» se relève de son fauteuil, rejoigne le milieu de la pièce pour la photo... Vissé sur son fauteuil anglais, raide et immobile, Tshisekedi ignore ce qui se passe...

FIN DEFINITIVE D’UNE SAISON.
Alors que la caméra tourne, il faut sauver la scène. Les opposants africains ont compris, ils se désolent. Ils n’obtiendront rien. S’ils attendent longtemps, ils pourraient bien être embarrassants. Debout, ils s’approchent tous du vieil opposant resté assis et l’entourent. La caméra peut filmer avant de s’arrêter.
Arrivé sur le lieu en regardant droit où il posait le pied sans serrer la main à aucune de ces personnalités, comment Tshisekedi wa Mulumba est reparti de ce salon et de cet hôtel? La vidéo ne dit rien.
Quand Tshisekedi a pris la parole, en pareille circonstance, on s’attendait que la fin de son mot soit accompagnée par des pétarades tout au moins de politesse, il n’en a absolument rien été! Venus à cette rencontre expliquer que les problèmes des pays africains sont les mêmes partout et que, face à la dictature, il est grand temps d’unir les moyens et de coordonner l’action pour venir à bout de ces régimes «rétrogrdes», ils n’ont rien trouvé auprès de Tshisekedi… Qui a écouté sans au fond rien dire.
N’avait-il rien à dire? La maladie et le grand âge ont-ils raison de lui? Le vieil homme est-il en fin de parcours? Après avoir avalé des pieuvres, est-il désormais un homme assagi, lui qui de temps à temps, réclame le dialogue avec «le dictateur congolais»? Sait-il désormais mieux que ces jeunes que l’opposition est tout sauf un long fleuve tranquille?
Celui qui avait déclaré devant ses militants lors de la campagne pour la Présidentielle de 2011 qu’il sut mener avec brio et professionnalisme mais qu’il perdit - sociologiquement, on ne sait vraiment pas où le Sphinx aurait trouvé des voix pour l’emporter face à Kabila qui contrôlait les provinces «Swing States» (Katanga, province Orientale, Bandundu), que quoi qu’il advienne, il livrait là le dernier combat de sa vie, Tshisekedi reste et restera une grande énigme pour ses compatriotes.
T. MATOTU.


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