Les comploteurs de l’île de Gorée accrochés
  • mar, 15/12/2015 - 04:30

Devant des chefs des diplomates dont les bancs avaient été pris d’assaut au Palais du Peuple, Kabila adresse à ses opposants une cinglante mise en garde.

Il n’a cité personne. Aucun nom. Aucun de ceux qui se réunissent depuis vendredi 11 décembre - à l’appel d’un milliardaire américain George Soros - sur l’île de Gorée, au large du Sénégal. Le pays de l’ancien président Abdoulaye Wade qui, sous Mobutu, avait raillé l’opposition zaïro-congolaise la qualifiant de «la plus bête du monde»! Mais l’allusion était sans équivoque... L’hémicycle plein comme un œuf du Palais du Peuple qui a fait un triomphe à cette allusion ne s’est pas trompé, qui a imposé à Kabila de reprendre ses deux phrases assassines et, une fois n’est pas coutume, que le Chef de l’Etat a reprises... au grand bonheur du public.

MOÏSE CHEZ MACKY SALL.
Le Président n’a pas non plus cité Tshisekedi père, le leader de l’UDPS, ni fils Félix, qui disent oui, non, oui, non au «Dialogue national inclusif» qu’eux-mêmes - avec d’autres opposants - n’ont eu de cesse de réclamer avant de changer d’avis mais qu’approuvent majoritairement les Congolais de toutes parts.
Le Président de la République n’a pas non plus fait allusion aux frondeurs de la MP poussés à la sortie et qui ont créé le G-7. Ni à celui qui se profile désormais comme leur leader, l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga Moïse Katumbi Chapwe qui, selon Dakar Actu, daté de samedi 12 décembre, «affirme avec force arguments que peu avant la finale aller de la ligue des champions entre le Tout-puissant Mazembé et l’Union sportive de la Médina (USM), le farouche opposant au régime de Joseph Kabila, Moïse Katumbi, a rencontré le 15 novembre 2015 à Paris, le Président du Sénégal, Macky Sall». Puis: «Même si nos sources refusent de dévoiler la teneur de cet entretien, on nous apprend tout de même qu’il a été question de «conseils prodigués à Katumbi» sur le comportement à adopter pour empêcher un troisième mandat à son rival du pouvoir. Et pire, pour ne rien arranger aux choses, le gouvernement congolais qui n’avait pas eu vent de cette audience «ultra» secrète, vient de grincer des dents contre les autorités sénégalaises qu’il accuse d’abriter une réunion d’opposants congolais à Dakar depuis le 11 décembre».
De quelques phrases que Kabila a réservées à ceux qu’il s’est gardé de citer à la fin de son discours sur l’état de la Nation, sur une page, terminé en apothéose, le Chef de l’Etat met ces «comploteurs» dans le même sac, leur passant un savon sur un ton calme mais sévère. Une cinglante mise en garde adressée devant des chefs des missions diplomatiques dont les bancs avaient été pris d’assaut.
Florilège de phrases:
«Là où il lui est promis la mort, nous l’assurons que tout sera mis en œuvre pour protéger la vie. Là où on veut tout détruire, notre engagement c’est de construire et de développer sans relâche nos villes et nos campagnes. A notre peuple de choisir, lors des élections, lequel des deux projets de société lui convient le mieux». «Je ne permettrai pas que les sacrifices consentis ensemble au cours de ces dernières années pour bâtir la paix et la sécurité dans notre pays et dans la région, balisant ainsi la voie vers l’émergence, soient compromis, sous quelque prétexte que ce soit, par ceux qui, de mauvaise foi et de manière délibérée, choisiront de rester enfermés dans leurs postures négativistes, refusant le dialogue au profit des complots contre la République et promettant sang et sueur à notre peuple. Il n’y aura ni l’un ni l’autre». «J’encourage les Congolaises et Congolais à tirer avantage de notre tradition séculaire du dialogue comme mode de règlement des divergences politiques et sociales. Ce n’est pas par la violence que nous réglerons nos divergences». «Ce n’est pas non plus des Nations Unies, de l’Orient ou de l’Occident que viendront les solutions à nos problèmes».
«Que notre peuple sache que ses intérêts et ses aspirations légitimes à la quiétude et au bien-être seront, en tout temps et en toutes circonstances, sauvegardés». Et de se présenter - le moment est solennel - en qualité de «Garant de la Nation».


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