Le Congo vu de Belgique
  • lun, 18/04/2016 - 07:15

Vu de Belgique, comment perçoit-on les enjeux congolais à l’heure où, après trois ans de mandat, son ambassadeur Michel Latschenko, s’apprête à faire ses adieux?

La Belgique reste préoccupée par les problèmes congolais qui restent entiers malgré une évolution certaine.
Trois de nos ex-ambassadeurs y vivent soit comme réfugiés, soit comme résidents permanents. Des diplomates ayant accompli certains vingt ans restent dans le pays à divers titres. Ce qui est anormal! Même si le royaume dans un contexte de compétitivité, d’efficacité et de recherche de résultats et face au pays du nord - la Flandre - parlant anglais que français, souhaite être tourné vers l’Europe anglo-saxonne, le gouvernement fédéral s’attend à un débat houleux au Parlement. Rue des Petits Carmes - siège de la diplomatie belge -, on se dit un peu surpris par la résolution 2277 - la dernière - du Conseil de sécurité des Nations Unies qui, à l’origine, devait se focaliser sur la seule Monusco mais veut prêcher la modération.

PAS DE FETICHISME.
Le Conseil de Sécurité a rappelé des principes. La Belgique appelle le Congo et les Congolais à montrer le chemin de ce qu’ils veulent, de ce qu’ils recherchent, les délais constitutionnels ne sont pas «fétichistes». Elle reste très engagée aux côtés du Congo et des Congolais et cherchera à éviter toute perspective de chaos dans une région d’Afrique centrale déjà instable.
C’est son ambassadeur aujourd’hui disparu Dominique Struye de Swielande qui, le premier le 20 décembre 2011, au soir de la prestation de serment de Joseph Kabila Kabange, reconnut les résultats de la Présidentielle du 28 novembre, dans une longue interview au Soft International et appelait dans ces mêmes colonnes, de façon prophétique l’opposant Etienne Tshisekedi wa Mulumba à s’engager désormais dans une «opposition constructive» - la communauté internationale ayant reconnu l’élection présidentielle et Joseph Kabila Kabange comme président du pays: «Les dernières années ont vu ces relations (belgo-congolaises) évoluer très favorablement. Il en sera de même dans les mois qui viennent». S’il émit des regrets, dans un communiqué, onze jours après avoir pris la tête de la diplomatie que la Cour suprême «n’ait pas usé de ses prérogatives pour un examen plus approfondi, critique et indépendant des résultats» officiels de la présidentielle, la Belgique via le Vice-Premier ministre Didier Reynders indiqua, à plusieurs reprises, basant sa conviction sur le rapport du Centre Carter, que les irrégularités enregistrées «n’avaient pas changé l’ordre d’arrivée» des candidats à la présidentielle.
Aujourd’hui, la Belgique veut encore appuyer toute initiative qui sortira du Congo et des Congolais et salue la nomination comme facilitateur du Dialogue de l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo. La visite le 28 avril de M. Reynders (proche des Michel père Louis, commissaire européen très influent, fils Charles, actuel premier ministre du Royaume) puisque MR (Libéral), est très attendue. Le sort du dialogue dépend de la classe politique mais celle-ci reste tout ouïe au «petit coup» de pouce de l’Occident. Brazzaville a vu la perspective d’une crise majeure voire d’une guerre civile s’éloigner après que le président François Hollande eût lancé, depuis l’Elysée son «président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre et une fois que le peuple aura été consulté - cela vaut d’ailleurs pour tous les Chefs d’Etat de la planète - il faut toujours veiller à rassembler, à respecter, à apaiser». Un rappel à l’ordre et à la modération entendu.
La France pèse d’un réel poids dans la résolution des crises africaines. Elle arbitra la guerre civile Sassou-Lissouba (juin 1997 à décembre 1999) choisissant son camp. Toujours présente en Centrafrique, elle fit à la base de la démission de Michel Djotodia et de son premier ministre Nicolas Tiengaye en janvier 2014 comme elle fit à l’origine du renversement de David Dacko le 1er janvier 1966 suite à un coup d’Etat du chef d’État major de l’armée Jean-Bedel Bokassa. Elle a joué et joue pleinement à Libreville, Abidjan, Dakar, Bamako.
Qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, le souverainisme reste un vœu pieux dans un monde observé par les ONG, les médias et autres lanceurs d’alerte. Le chef de l’UDPS Etienne Tshisekedi wa Mulumba a dû s’en rendre compte et s’approcher de l’Occident. Ses multiples rencontres à l’extérieur ne sauraient autrement s’expliquer. Tout comme les déplacements des opposants - tels Vital Kamerhe ou Moïse Katumbi - qui mobilisent et tissent jour après jour des réseaux internationaux «impressionnants». Mais Kabila au pouvoir est loin d’avoir dit son dernier mot. Loin s’en faut...
D. DADEI.


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