Ils ont retourné le Pape François
  • mer, 15/03/2017 - 02:31

Dans sa propagande anti-Régime, le clergé catholique peut compter... sur des puissances financières «généreuses».

Sans doute nombre de Congolais ne savent-ils pas toute la puissance de l’Eglise catholique! Elle réside dans son peuple de Chrétiens qu’elle compte dans le monde; elle tient surtout dans sa capacité de mobilisation de l’opinion et de propagande. Mobilisation et propagande notamment par voie de la presse écrite et audiovisuelle. Alors que le 26 septembre 2016, le Président de la République Joseph Kabila Kabange était reçu au Vatican par le pape François et que cette rencontre annonçait une visite du Souverain Pontife au Congo, avec un tour à Beni, le clergé catholique congolais semble avoir réussi son coup: torpiller ce projet du Saint-Père.
Selon l’hebdomadaire franco-africain Jeune Afrique, qui cite une interview du Saint-Père au journal allemand Die Zeit paru le 9 mars, le pape François qui se rendra cette année en compagnie de l’achévêque anglican de Cantorbéry Jusin Welby, à Juba, Sud-Soudan, pays qui compte 3 millions de catholiques et deux millions d’anglicans, a annulé le projet de visite dans les deux Congo, formulant un regret: «Il était prévu d’aller dans les deux Congo mais, avec Kabila, ça ne va pas. Je ne crois pas qu’on puisse y aller». Jeune Afrique laisse entendre que cette «décision est certainement mûrie avec le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa et membre du «C9», le conseil spécial des cardinaux du pape qui conseillent le pape dans le gouvernement de l’Eglise.

PROPAGANDE MEDIATIQUE.
Cette propagande a lieu par voie de l’audiovisuel depuis le Vatican ou par le biais de la presse écrite (à Bruxelles par exemple avec La Libre Belgique ou à Paris avec La Croix), l’Eglise catholique est en première ligne dans le développement de la situation politique au Congo et diffuse son opinion. Ainsi, lundi 13 mars 2017 La Croix, titre: «massacres à Béni, la fausse piste djihadiste». On y lit: «Le régime (de Kabila) attribue ces massacres à des islamistes ougandais. Rien n’est moins sûr, toutefois, selon les chercheurs Jean Battory et Thierry Vircoulon, de l’Ifri, l’Institut français des relations internationales» pour qui «les ADF n’ont pas les caractéristiques habituelles d’un groupe armé islamiste (...). Ils ne font pas de propagandes islamistes par vidéo ou par Internet et ne pratiquent pas la «djihadosphère» contrairement aux Chebabs (...). Leur islamisme est très discret, voire évanescent (...). Les ADF ne sont pas dans une logique de recrutement de croyants et d’expansion d’un califat en Afrique mais dans une logique de sanctuarisation territoriale». De souligner «les manquements de l’armée congolaise dans les tueries de Béni: manque de réactivité, refus d’intervenir et collusions entre les ADF et certaines unités de l’armée congolaise».

PUISSANCES FINANCIERES.
Puis: «Le mystère des ADF semble s’inscrire dans la longue tradition de complicité et d’instrumentalisation des groupes armés dans l’est de la RDC par le commandement de l’armée congolaise». Puis: «L’islam radical est devenu un outil pratique pour les régimes dictatoriaux qui ont besoin de justifier leur répression interne et de s’attirer les bonnes grâces des puissances du Nord».
Dans cette propagande, le clergé est aidé... par des puissances financières généreuses. Les mêmes qui, depuis New York agissent dans les médias. C’est cet éditorial du Washington Post - le journal de l’establishment washingtonien - qui suggère au nouveau président américain Donald Trump de ne pas rester muet dans la crise politique au Congo. De l’avis du Washington Post, le président américain devrait hausser le ton face à «l’intransigeance» de Joseph Kabila qui tarde à avaliser l’accord de paix conclu le 31 décembre 2016 sous la médiation de... l‘Église catholique congolaise.
Dans cet éditorial publié dimanche 12 mars sur son site internet, le journal met le président américain devant le risque d’une nouvelle effusion de sang qui menace la RD Congo alors que l’accord de la Saint-Sylvestre semble au point mort. Mais également devant les réponses «superficielles» de son administration face aux violations des droits de l’homme dont sont accusées les forces armées congolaises. Le journal dénonce le «manque d’intérêt pour la promotion des droits de l’homme en RDC et en Afrique en général», appelle le gouvernement américain à se joindre à l’UE qui a menacé de sanctions les responsables congolais. «L’administration Trump devrait agir rapidement pour montrer sa volonté de se joindre à la nouvelle de sanctions de l’Union européenne. L’intransigeance de M. Kabila risque de déboucher sur une autre effusion de sang en Afrique centrale - quelque chose que même le président d’une Amérique d’abord (America First, l’un des slogans de Donald Trump, Ndlr)» devrait vouloir arrêter», conclut l‘édito du Washington Post.Cela ne peut pas ne pas avoir d’effet ni sur l’opinion publique, ni sur les acteurs.
T. MATOTU.


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