Au Rwanda, le sacre congolais
  • lun, 08/02/2016 - 10:36

LE SACRE! Il a tenu ses promesses. Toutes! Quel Congo! Quel Grand pays! Quels fauves nos Léopards! A la finale, le léopard n’a laissé aucune chance à l’aigle malien qui s’aventurait dans la cour des grands. D’un saut, il l’a attrapé et l’a cruellement dévoré.

«POUR LES VIVANTS ET POUR LES MORTS».
Malgré un déluge de pluie qui s’est déversé sur le stade Amahoro à Kigali, nos Léopards sont restés les mêmes, jouant un football offensif. Battant les Maliens (3-0) en finale du Championnat d’Afrique des Nations 2016.
Avec 15 buts marqués, ils sont la meilleure attaque de la compétition. Symbole de ce dynamisme offensif: Meschak Elia, double buteur en finale et auteur de quatre buts au cours de la compétition. Il a été désigné homme de la compétition.
En plus de ses individualités, le Congo est une équipe qui a été solidaire, généreuse et valeureuse. Une équipe qui n’a jamais caché ses ambitions. La veille du premier match face à l’Ethiopie, le capitaine Joël Kimwaki déclare: «Notre ambition est de remporter le titre de champion cette année 2016, au Rwanda».
Même tonalité du côté de son sélectionneur, Florent Ibenge, qui après la demi-finale remportée face à la Guinée, a ces mots: «Nous allons jouer pour ramener la coupe. On est arrivé en finale, maintenant il faut remporter la coupe».
Combien étaient-ils au stade à Kigali dimanche 7 février?
Combien les Congolais avaient pu passer la frontière rwandaise, à Ciangungu, ville rwandaise voisine de la ville congolaise de Bukavu (Sud-Kivu) et à Gisennyi, ville rwandaise frontalière de la ville congolaise de Goma?
Gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo parle d’au moins 5.000 Congolais venus du Sud-Kivu à Kigali mais 3.000 restés bloqués à la frontière faute de laisser-passer. Gouverneur du Nord Kivu Julien Paluku pourrait citer une marée humaine. Sans doute 15.000 dont certainement autant bloqués à la frontière...
Les entreprises publiques invitées à mettre des moyens de transport à la disposition du personnel...
C’est à ces Congolais de l’est - qui n’ont jamais été aussi Congolais que chaque fois que leur Congo fait face à un enjeu majeur - que certainement le sélectionneur s’était particulièrement adressé: «Nous sommes ici pour jouer pour les vivants et pour les morts». Il aura tenu parole le coach...En battant les Aigles maliens, le Congo devient le premier pays à remporter deux fois cette compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent africain. La Côte d’Ivoire complète le podium de ce CHAN 2016.Obligé de procéder à quelques changements à cause de la blessure de Luvumbu et de la suspension de Bompunga, Florent Ibenge a aligné une équipe qui est restée dans la droite ligne de ce qu’elle avait fait depuis le début de la compétition: une équipe offensive.
Loin de se laisser intimider par la pluie battante qui les a accueillies au stade Amahoro, les vingt-deux joueurs se sont tout de suite lancés dans le match. Les deux gardiens Matampi et Diarra ont fort à faire en ce début de match.
A la 5e minute, Meschak Elia manque d’ouvrir la marque pour le Congo.
Sa reprise de la tête ne trouve pas le cadre alors qu’il a été trouvé seul au milieu de la défense malienne.
Cinq minutes plus tard, Mamadou Coulibaly manque, à son tour, de donner l’avantage à son équipe. Servi dans le dos de Bangala, il tente un lobe qui passe de peu au-dessus de la cage de Matampi.
Il faut attendre la 28e minute de jeu pour voir le premier but de la partie. Meschak Elia, d’une frappe splendide, trouve la lucarne opposée de la cage malienne et permet au Congo d’ouvrir le score.
Lorsqu’il a été convoqué par Florent Ibenge, Meschak Elia ne se doutait sûrement pas qu’il serait l’homme de la finale...et du tournoi. Il l’a été. De la finale d’abord. Alors qu’il a permis aux Léopards d’aller aux vestiaires avec une avance d’un but, le jeune attaquant récidive peu après l’heure de jeu. Il profite d’un raté d’un défenseur malien pour récupérer le ballon. Il se débarrasse ensuite du portier malien et marque, faisant preuve d’un sang-froid remarquable.
Le troisième but marqué par Bolingi à la 73e minute met fin au suspens. Le Mali ne reviendra pas au score.
Les Léopards ont réussi leur entrée en lice en battant l’Ethiopie (3-0), sur des réalisations de Guy Lusadisu, Héritier Luvumbu et Meschak Elia. Lors de la deuxième rencontre, ils surclassent les Palancas Negras d’Angola (4-2). Munganga, Mechak Elia (18’), Bolingi et Merveille Bope sont les buteurs de la selection congolaise. Les Léopards totalisent 6 points et sont d’office qualifiés après deux journées. Un exploit réalisé depuis 1974. C’est à la dernière journée que le Congo connaît sa première défaite face aux Lions indomptables du Cameroun (1-3). C’est le score final.

LE MIRACLE MALIEN NE VIENDRA PAS.
L’unique but des Congolais est l’œuvre de Makusu Mundele. Aux quarts de finale, les Léopards rencontrent le pays organisateur le Rwanda. Un match difficile pour les deux équipes voisines. C’est aux prolongations que les Léopards vont venir à bout des Amavubis (guêpes) rwandais. 2-1 au finish avec des buts signés Doxa Gikanji et Padou Bompunga. En demi-finale, il faut recourir aux séances des tirs au but après un nul d’un but partout contre la Guinée aux prolongations (Bolingi a marqué pour les Léopards). La loterie tourne à l’avantage des Congolais qui l’emportent par 5-4.
Les Congolais qui ont joué deux prolongations de suite se présentaient pour cette finale sans deux de ses titulaires Padou Bompunga pour accumulation de deux cartons jaunes et Héritier Luvumbu blessé. En dépit de ses absences et de la fatigue des 240 minutes jouées en quarts et demi-finale, le coach Florent Ibenge esté confiant: «C’est un match très excitant. On est calme et on est bien. Nous sommes prêts et on essaye de récupérer les joueurs pour être au mieux de leur forme et remporter ce match».
Les Aigles, personne ne les attendait à cette finale de la IVe édition du CHAN.
Invité surprise, le Mali a surpris tous ses adversaires. Il aborde cette finale invaincu et possède la meilleure défense: 3 buts encaissés. Les Aigles sont classés deuxième de leur groupe avec 5 points. Ils ont fait deux matches nuls (0-0 face à la Zambie et l’Ouganda (2-2). La seule victoire du premier tout a été obtenue face au Zimbabwe (1-0). Le Mali rencontre en quart de finale la Tunisie, l’une des favoris du tournoi. Menés au score par un but à zéro, ils trouvent les ressources nécessaires pour venir à bout des Tunisiens. 2-1 au finish. Les Aigles sortent le champion de la 2e édition du CHAN (Soudan 2011) et se hissent en demi-finale contre toute attente. En demi-finale, le Mali joue contre la Côte d’Ivoire. Le duel ouest-africain tourne à l’avantage des Aigles qui éliminent les Eléphants par un but à zéro, au terme des 90 minutes.
Le sélectionneur malien, Djibril Dramé, reconnaît que son équipe est jeune mais mise sur les talents de ses poulains pour venir à bout des Congolais expérimentés. Il s’agit d’une finale «de grande responsabilité». «Les joueurs sont des jeunes talentueux, ambitieux, et on va se battre pour relever le défi. Ce ne sera pas facile, parce que l’adversaire est une grande nation du football, avec de grandes individualités, des joueurs expérimentés», déclare-t-il à Rfi. Face aux fauves, le miracle ne se produira pas...
Après la dignité qu’ils ont fait retrouver au Congo au plus que symbolique CHAN de Kigali, les Léopards qui regagnent lundi la maison seront reçus en grande pompe par les Kinois avant d’être décorés et récompensés mardi 9 février par le Président de la République, Chef de l’Etat au cours d’une cérémonie officielle dans la Capitale.
T. MATOTU. 
(avec agences).


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