«Le pays est dans la situation où le Président doit sortir de la scène pour assurer son leadership»
  • jeu, 21/02/2013 - 18:14

Député national, élu de la circon-scription de Katako-Kombe, territoire qui porte le même nom, district de Sankuru, Kasaï Oriental, Christophe Lutundula Apala Pen Apala est à son deuxième mandat d’élu, mais traîne seize années de présence à l’Assemblée nationale. Juriste éprouvé, membre de la Majorité présidentielle, il est en 1998 l’un des co-fondateurs du MSDD (Mouvement de solidarité pour la démocratie et le développement). Ce parti qui avoue tenir «à une certaine vision de la morale, de la gouvernance de notre pays», est membre du groupe parlementaire ARD (Alliance des Républicains Démocrates) et siège sur les bancs des Députés NAD (Athanase Matenda Kyelu), UNAFEC (Gabriel Kyungu wa Kumwanza), UNADEF (Charles Mwando Nsimba), PANADER (Jean Marie Bulambo), COFEDEC (Venant Tshipassa).

LE SOFT INTERNATIONAL N°1215 ED. LUNDI 18 FEVRIER 2013.

Le conflit à l’Est appelle à une forte cohésion nationale. Et le chef de l’état en a saisi la nécessité en invitant les Congolais à la cohésion nationale. Comment réagissez-vous à cet appel?
Je crois que nous traversons une période tout à fait particulière. Après Sun City, nous avions dégagé le front commun de la nation, c’est-à-dire une vision partagée de l’avenir du pays, du moins, du point de vue de son mode de gouvernance. Ce front commun de la nation se traduit clairement dans la Constitution. Comme toute Constitution démocratique, la nôtre a été adoptée par référendum, le 16 décembre 2005 et elle fut promulguée en février 2006. En termes de constitution démocratique, nous n’avons pas, sur ce point, à envier certains pays d’Afrique. Du point de vue de la vision économique, tous les partis politiques sont d’accord que nous devons avoir une économie sociale de marché. Cette option économique sous-tend elle-même une autre option sociale: offrir à tout le monde les mêmes chances, offrir à tous les Congolais l’espace d’épanouissement. La situation actuelle de guerre à l’est, en particulier au Nord-Kivu, est une guerre commanditée de l’extérieur et les Nations unies qui regroupent plus de 150 états à travers le monde ont mandaté les équipes qui ont démontré, noir sur blanc, preuves à l’appui, qu’en fait c’est le Rwanda et l’Ouganda qui commanditent le M23. Ce mouvement, c’est simplement le cheval de Troie de ces deux pays qui vient déclencher la déstabilisation chez nous pour servir les intérêts économiques, financiers et hégémonistes du Rwanda et de l’Ouganda. Qui veulent, en réalité, avoir tout le cordon Est, allant de la province Orientaleau Nord-Katanga, sous leur contrôle. Ce cordon pourra servir d’une sorte de colonie d’exploitation et de peuplement. D’ailleurs, l’Ouganda et le Rwanda, eux-mêmes, sont des sous-traitants des intérêts géostratégiques des puissances extérieures. Et c’est bien dommage qu’il y ait des compatriotes qui se livrent à ce jeu-là. Et cette guerre - c’est ça l’importance de la cohésion nationale - met en danger le fonctionnement des Institutions, c’est-à-dire le front commun de la nation ou la Constitution. Cette guerre met en danger l’intégrité territoriale de la République et l’unité nationale. Puisque la cohésion suppose l’unité nationale, cette guerre contient en fait les germes de l’éclatement de la Nation congolaise qui est en gestation. Sous un autre angle, c’est ni plus ni moins, l’exportation de la typologie sociologique du Rwanda et de l’Ouganda et de la conflictualité sous-jacente Hutus-Tutsis. Alors que chez nous, les ethnies, c’est la diversité enrichissante de notre Nation en formation. Donc, le danger sur l’existence de la Nation congolaise, l’existence du Congo comme état et comme un territoire habité par un peuple sur lequel s’exerce un pouvoir. Les fondamentaux de ce qu’on appelle la R-dC sont mis en cause.
Et à travers l’histoire de l’humanité, lorsqu’il y a un danger, au-delà de la force de l’argent, au-delà de la force des armés, c’est d’abord l’unité de la Nation, l’unité de tous ceux qui se réclament des vrais Congolais qui constitue l’arme la plus puissante. Autrement, les Vietnamiens, les Cambodgiens n’auraient jamais vaincu les Français, encore moins les Américains. Autrement, Cuba, même à l’époque du parapluie soviétique, n’aurait jamais résisté devant les Américains. Donc, c’est vraiment un moment important de la mobilisation de tous les Congolais pour défendre ce front commun de la Nation. L’article 1er de la Constitution dit clairement que le Congo est un et indivisible. Et Lumumba disait que la Nation congolaise est constituée de chaque Congolais pris individuellement. Chez nous les Bantous, lorsqu’un doigt est blessé, les autres sont tachés de sang. Donc à l’extérieur, on ne doit pas parler de Luba, de Ngala ou de Kongo mais on doit voir le Congolais.

Quand le Chef de l’état lance cet appel à la cohésion nationale, y a-t-il péril en la demeure?
Il faut d’abord partir de la Constitution. L’article 69 de la Constitution dit ceci: «Le président de la République est le chef de l’état. Il représente la Nation. Il est le symbole de l’unité nationale». C’est à travers lui que l’on voit qu’il existe une Nation avec un Chef et non une multiplicité de centres de pouvoir. Il veille au respect de la Constitution, il assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi qu’à la continuité de l’état. Il est le garant de l’indépendance nationale ainsi que de l’intégrité nationale, de la souveraineté nationale et du respect des traités et accords…».
Mais aujourd’hui, Rutshuru, Bunaganda et une bonne partie de ce cordon est sous l’administration de la rébellion. Donc, la souveraineté de notre état ne s’exerce plus. Aujourd’hui, il y a des Congolais qui sont morts. Aujourd’hui, toutes ces personnes exploitent les ressources de ce côté-là comme bon leur semble. Donc, l’article 69 trouve pleinement son champ d’application. En un mot, la Constitution fait du président de la République le garant de la bonne tenue et de la nation et de l’état. Et dans son serment, dans l’article 74, il jure devant Dieu et la Nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la R-dC, de maintenir son indépendance et l’intégrité de son pouvoir, de sauvegarder l’unité nationale, de ne se laisser guider que par l’intérêt général et le respect de droit, de consacrer toutes ses forces à la promotion du bien commun ou de la paix.
Aujourd’hui, constitutionnellement, le premier responsable de la situation, c’est le président de la République. En clair, il a l’obligation de prendre toutes les initiatives requises pour rétablir l’intégrité du territoire, la paix, l’indépendance et la sécurité des biens et des personnes à travers les 2.345.000 km2 de notre territoire. C’est pour cela qu’on l’appelle le magistrat suprême, la plus haute autorité politique, militaire et juridique du pays. Il trahirait son serment, il violerait l’article 69, s’il restait les bras croisés.
C’est pour cela qu’il est aussi le commandant suprême des forces armées comme l’est Barack Obama, le Roi des Belges, François Hollande, etc. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation, où, au-delà de la situation militaire, le président doit sortir sur la scène pour exercer son leadership, l’affirmer et proposer aux Congolais toutes les initiatives pour que le pays retrouve tous ces attributs d’un état et que nous puissions continuer le développement du pays.

Vous dites que le sentiment de cohésion nationale a été clairement exprimé à travers le référendum de 2005. Pourrait-on dire que c’est la classe politique qui n’en veut pas ou qui serait même à l’origine de cette crise ?
La classe politique au Congo ou ailleurs, même dans la société traditionnelle, a pour rôle d’éclairer le chemin vers la gloire, de créer des voies et moyens de l’épanouissement de la nation. Un homme politique ne vit jamais pour lui-même. Par ricochet, la classe politique n’existe pas pour elle-même. En démocratie, on dit: pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
L’article 5 de la Constitution stipule que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par voix de référendum. Les représentants, c’est ça la classe politique, dans l’opposition comme dans la majorité. Quand il y a une crise, il y a une rupture des fondamentaux. Quand il y a des dangers, ne demandez pas au Congolais de tourner leurs yeux ailleurs. Pas plus qu’on ne le demandera à n’importe quel autre peuple à travers le monde. C’est comme dans nos villages, on voit d’abord le chef. Donc de ce point de vue, nous avons une responsabilité. Et c’est regrettable que d’aucuns n’en prennent vraiment pas conscience pour se laisser motiver par des intérêts personnels ou des intérêts d’ordre tribal, ethnique et clanique.
Par ailleurs, malheureusement, nous sommes aussi le reflet de notre société. Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite, dit-on. En clair, dans des circonstances graves, les Citoyens s’organisent. Le printemps arabe n’est pas venu de la classe politique. Autant on dénonce la légèreté et l’immaturité de la classe politique, autant il faut dire qu’au niveau de la population, il y a très peu de répondant. Quoi qu’il en soit, il nous appartient vraiment de prendre des initiatives autour des idées fortes, dynamiques lancées par le Président autour de la cohésion nationale. Regardez un pays comme le Sénégal. Il n’est pas aussi riche que la R-dC. Mais le Sénégal doit d’abord sa respectabilité internationale, sa stabilité politique et même son développement - que cela soit son éducation, en termes de croissance économique ou de niveau de vie - à son élite politique. Le Ghana n’est pas aussi riche que le Congo, mais, aujourd’hui, sa classe politique, les personnalités comme Kofi Annan, inspirent respect. C’est une responsabilité que nous avons, mais en même temps, la population doit s’assumer.

Quand on observe l’élite du pays on voit qu’il y a de la ressource. Ailleurs, ce sont les partis politiques qui se chargent de la formation idéologique de la jeunesse. Ceci n’est pas le cas chez nous…
Nous faisons du plein politique avec du vide intellectuel ou avec du vide idéologique. C’est regrettable! Il n’y a qu’à suivre les débats à la télévision. Comparé au débat au Sénégal, au Congo Brazzaville, ou en Afrique du Sud ou au Ghana, c’est vraiment différent. C’est rare de voir les hommes politiques engager un débat économique sur les conditions sociales des gens. Même si on fait un débat dans ce sens-là, c’est plus de la démagogie, du populisme. Mon constat, depuis que je suis en politique, par la faveur de la Conférence Nationale Souveraine, après le temps passé dans les cabinets ministériels, est qu’au Congo, on ne brille pas, mais on brûle. Si l’on brille, on brûle. Au Congo, on ne construit pas, on détruit. Si on construit, on détruit par la suite. Les Congolais préfèrent qu’un ministre, qu’un P-dg vole de l’argent et le leur distribue, plutôt que de voir les dirigeants travailler correctement pour donner à chacun ce à quoi il doit bénéficier. Nous les Députés, nous avons chaque mois une assiette de demandes qui dépasse 10.000 dollars. Si vous ne faites pas ça, vous ne serez pas élu. Mais si vous faites ça, vous n’avez pas la certitude d’être réélu. Si vous donnez aux gens la houe pour labourer la terre, vous risquerez même de retrouver vos affaires, parfois même rouillées. Il y a un problème. Au fond, nous n’avons pas encore une classe politique mûre, capable de prendre les hauteurs. Le Congo est le seul pays où l’on peut devenir ministre sans avoir été même un huissier.

L’opposition ne paraît pas d’accord avec cette idée de cohésion nationale; elle charge la Majorité présidentielle...
Je suis au Palais du peuple depuis 1990. Il n’y a jamais eu une législature sans qu’on n’ait eu à débattre de la situation de l’Est. L’opposition ne doit pas prendre les choses à la surface. Je crois qu’au Kivu, nous avons un problème très sérieux. Quel que soit le Chef de l’état que vous aurez, quel que puisse être le Chef de l’état que vous aurez, quelle que soit la majorité que vous aurez, si le rapport des forces, la géostratégie des puissances demeure... Le Nord-Kivu est la seule province aujourd’hui où chaque clan dispose de son armée. Nous n’avons d’état que pour la protection des personnes et des biens, nous n’avons d’état que pour assurer le développement individuel et communautaire. Sinon, on n’a pas besoin d’état. L’affaiblissement de l’état ne date pas d’aujourd’hui, mais de l’époque du président Mobutu. Peut-être, le malheur du président Kabila, c’est d’avoir accepté le fardeau de la destruction cinquantenaire effectuée par ceux qui l’ont précédé. C’est ça le drame de Kabila. Depuis l’indépendance, il n’y a pas une armée qui ait gagné une rébellion, petite soit-elle. Ou une rébellion qui ait réussi à mâter une rébellion, petite soit-elle. L’opposition doit savoir être claire, si elle est pour ou contre la rébellion du M-23. Tantôt elle dit que c’est l’affaire de Kabila, tantôt elle soutient le pouvoir. Mais nul n’ignore que Kabila a hérité cette situation. Nous devons le soutenir dans cette action. La cohésion nationale, même la cohésion dans la cellule familiale, est tributaire de la solidarité. Lorsqu’un compartiment de l’ensemble qui doit être uni a le sentiment d’être frustré ou est réellement frustré, c’est un peu compliqué.
La cohésion nationale nous l’avons à travers des entreprises communes. C’est simple à expérimenter. Les gens d’une même promotion se retrouvent quelque part, ne fût-ce que dans un certain vocabulaire parce qu’ils ont en partage un destin. Lorsqu’un certain nombre d’éléments sont réunis qui signifient tout simplement avoir un destin commun, vous avez le front commun de la nation, la vision de votre nation; vous avez une gouvernance générale, les bases des chances égales. Les bases d’un gouvernement ouvert doivent être jetées. C’est dans ce cadre que le président français intervient au Mali et toute la classe française est d’accord. Dans le fond, tout le monde est d’accord. Nous comprenons que dans un système de pluralisme politique, tout le monde ne peut pas adopter le même discours. Ce n’est pas l’unanimisme du MPR parti-état. Avec un pays qui a environ 60 millions d’habitants, 450 tribus, unies comme cela est dit dans notre hymne national, ne demandez pas à tout le monde de porter l’uniforme d’écolier. Donc, il y a forcément des divergences à comprendre. Devant le danger, nous tous, de la classe politique, nous devons nous dire que si on ne fait pas front contre l’hégémonisme rwandais et ougandais qui, lui, est le relais des hégémonismes extérieurs, quiconque que nous mettrons, quelle que soit sa tendance, il va connaître la même situation. Peut-être pire qu’aujourd’hui.

Cohésion nationale ne rime-t-elle pas avec éveil de conscience qui est affaire de l’élite? On a comme l’impression que cette élite est démissionnaire!
En termes de discours, d’éveil de conscience, on n’a rien à reprocher à l’élite congolaise ou à la classe politique. Le nationalisme, on l’écrit toujours. Mais ce n’est pas ça le problème. Le règne du discours est de courte durée, mais celui des actes, de l’exemple, dure toute l’éternité. Nous vénérons Patrice émery Lumumba, Laurent-Désiré Kabila, mais ils n’ont pas eu le temps de vivre longtemps au pouvoir. Il ne suffit pas de dire qu’on est Lumumbiste ou Kabiliste, mais il faut le refléter à travers les actes au quotidien. Il faut que l’on dise que celui-ci ressemble à Lumumba ou à Kabila. C’est ça qui nous manque: le modèle vécu. Comme la foi chrétienne, la foi à un idéal politique ne doit pas être seulement proclamée, elle doit être vécue. Il faut vraiment un éveil de conscience actif chez tout le monde. Aujourd’hui, il y a des problèmes à l’Est, mais il y a des personnes qui trouvent leur compte dans ces eaux troubles dans lesquelles elles pêchent. À un moment, nous avons été distraits. Il faut donc prendre conscience. C’est un problème de leadership. On ne devra pas le voir uniquement par rapport au président de la République. C’est l’affaire de tout le monde. Le leadership collectif est plus durable. La lutte pour la survie est permanente. Il nous appartient d’avoir un devoir patriotique. Au Sénégal, toute l’opposition a soutenu Macky Sall. Ce n’est pas parce qu’il est le plus beau, le plus intelligent, mais par devoir patriotique contre Abdoulaye Wade qui voulait s’éterniser au pouvoir. Aucun pays voisin ne pourra nous créer un boulevard. Ça n’existe pas. Les Occidentaux ont fait la paix des braves, mais nous, on se dispute encore le pouvoir: ça, c’est l’opposition, ça, c’est la majorité… ça, c’est l’affaire de Kabila. Mais il faut voir les fondamentaux.

Quels seraient les préalables pour une bonne cohésion nationale?
Le Président a pris une grande initiative fondée sur les articles 69 et 74 de la Constitution. Nous devons voir le fonctionnement des Institutions aujourd’hui: qu’est-ce qu’il faut améliorer? Il faut voir les problèmes fondamentaux auxquels le pays est confronté pour son développement. Maintenant, nous savons que nous avons les problèmes de défense et de sécurité. Il y a le problème d’exploitation des ressources naturelles et la problématique de la décentralisation. J’ai toujours dit que le droit s’écrit techniquement mais la loi s’élabore politiquement. Nous devons également hiérarchiser les priorités économiques et le problème de coexistence avec nos voisins. Kampala? Parfois ça fait rire! On parle d’intégration dans l’armée… Nous serions le premier pays où l’on recrute les généraux, les colonels, etc. On recrute le militaire, puis on le forme et il monte de grade3. On a même oublié que l’armée est un corps d’élite. À Sun City, nos partenaires avaient recommandé la réconciliation. La réconciliation est là: brassage, mixage, etc. ça, c’est un problème. Il faut qu’on aide le Chef de l’état en dégageant un consensus sur les actes principaux de la réforme de l’armée, de l’éducation nationale… Il y a aussi la question du renouvellement politique, avec la CéNI, la répartition géographique des investissements.

Les élections de 2011 ont-elles été à la base de la rupture de la cohésion nationale?
Il y a eu des contestations sur toute la chaîne, on ne peut pas le nier. Même la dernière étape, le contentieux électoral, à la Cour suprême de justice n’était pas la plus heureuse. Tout ça a donné une passe en or à ceux qui voulaient des perturbations dans le fonctionnement des Institutions. Mais réduire la question actuelle à l’affaire des élections, c’est faire une fausse route. Il y a des axes majeurs de la conflictualité actuelle. Il y a l’antagonisme Hutus-Tutsis qu’on exporte chez nous. Il y a des visées hégémonistes. Le M-23 qui se dit un mouvement politico-militaire, place en tête de ses revendications le fait que notre pays n’aurait pas réussi à mâter les FDLR qui attaquent le Rwanda. Le Rwanda peut dire ça, mais pas un mouvement congolais, cela fait rire! Le Rwanda a ouvert une bourse des produits miniers, cela ne nous dit-il rien? ça serait une erreur pour les Congolais de réduire le drame qui se passe dans le Kivu à cette affaire des élections. Tout le long de nos frontières à l’Est, il y a les militaires qui sont de l’obédience du Rwanda. Pourquoi les anciens CNDP ne veulent-ils pas quitter la partie est du pays?

Dans vos réflexions au Parlement, mettez-vous l’accent sur la dimension prospective?
Le débat sur le long terme en R-dC est très peu engagé, même dans le milieu universitaire. Ça ce comprend parce que nous sommes confrontés au quotidien à des urgences à court et à moyen termes qu’il faut affronter pour que le pays soit un pays qui fonctionne normalement. Lorsqu’on a suivi le discours du Président de l’année passée à Kingakati, lorsqu’il a dit qu’il était candidat président de la République, on constate qu’il a fait un état des lieux de sa vision du Congo à l’horizon 2020. Nous pensons que le Congo doit être un Etat démocratique, avec les fondamentaux de la démocratie que sont le pluralisme social, l’état de droit, la protection des droits de l’homme dans son ensemble et la solidarité. Et le Congo doit être une économie forte, comme le dit le président de la République. Sur ce, nous devons travailler, avoir une politique publique qui consiste à mettre les gens au travail pour avoir des taux de croissance crédibles avec des exigences d’un développement rapide et équilibré. Pour que le Congo devienne une puissance économique, il faut bien gérer le secteur minier, il faut des réformes du portefeuille, une grande production manufacturière, des produits à valeur ajoutée et participer à des échanges à travers le monde. La Chine n’est pas autre chose que ça. Et cette vision, nous l’avons pour que le Congo soit un pays socialement développé, avec le bien-être social fondés sur des indices de développement humain: éducation, santé, logement… évidemment, nous devons faire un effort de jeter le regard vers le futur, sinon nous ne serons pas différents de certains pays qui sont indépendants depuis un quart de siècle mais qui n’ont jamais changé. C’est le cas d’Haïti. Et c’est le danger qui nous menace. C’est pour cela que la cohésion nationale est nécessaire autour de ce qui se passe au Kivu. La concertation nationale va proposer des recommandations sur la gouvernance générale du pays. L’Est de la R-dC, ce n’est pas seulement l’affaire de Kabila mais de toute la nation congolaise. Il n’y a pas de fatalité à travers l’histoire de l’humanité qui fasse qu’un peuple soit condamné à la marginalisation, à la misère et à la risée du monde. Tout dépend de la manière dont ces élites économiques et sociales prennent en charge le destin national et se déterminent à faire de bons qualitatifs pour hisser leur pays au niveau moderne. Montrons-nous pendant cette période plus dynamiques, plus unis et plus entreprenants. Malgré notre diversité, nos divergences, il n’y a pas une action qui puisse expliquer que nous puissions ne pas nous impliquer dans cette grande ambition nationale d’unité. Le Congo est malade, il ne sert à rien à dresser le mur des lamentations, de continuer à vanter nos richesses…

PATIENCE KIMVULA
TSHIMANGA DOLAY

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