Thambwe Mwamba à l’origine de toutes les crises politiques récentes
  • mar, 15/12/2020 - 21:45

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1511|MARDI 15 DECEMBRE 2020.

Texte revu, corrigé, complété, actualisé.

L’homme qui n’ouvrait jamais la bouche sans faire une bourde.

Impossible de savoir comment il fonctionne. Alexis Thambwe Mwamba, ATM pour les siens, n’ouvre jamais la bouche sans faire une bourde. Dans une vie passée, l’ancêtre du Soft International - Le Soft - écrit un jour, in tempore no suspecto - que «si le mot arrogance n’existait pas, il porterait certainement celui d’Alexis Thambwe Mwamba».

Comment être un homme public - politique en l’occurrence - et avoir l’injure, l’excès verbal aussi facile? L’excès?
Du temps des années RCD-Goma, c’est lui qui se vante d’avoir fait abattre le 12 octobre 1998 par un tir de missile sol-air un avion qui, assure-t-il, atterrissait avec, à son bord, «quarante soldats et des armes»... destinés à détruire les rebelles. Dont lui. Il le dit sur Rfi, depuis Goma.

La compagnie aérienne parle d’un avion de transport de passagers touché à l’atterrissage à Kindu, la ville d’ATM, dans le Maniema. Bilan : trois membres d’équipage et trente-huit passagers, pour la plupart des femmes et des enfants, tués. Depuis, l’ancien ambassadeur du Zaïre de Mobutu à Rome, en Italie, qui fut le redoutable patron des douanes et accises, pour le compte de Léon Kengo wa Dondo, laissé sur le carreau par ses amis de l’UDI, dirigea enfin un ministère - celui des Transports et Communications avant de porter la responsabilité du crash d’un Antonov An-32B - resté dans l’histoire comme la deuxième pire catastrophe aérienne du continent africain - qui fit le 8 janvier 1996, entre 225 et 348 morts et plus de 500 blessés (vendeurs, clients passagers) au décollage sur la place du marché Type Ka, l’homme qui fut en charge de la Diplomatie au RCD-Goma, se défend sur tous les théâtres et les tribunaux qui ne le lâchent pas...

Ministre d’Etat en charge de la Justice au moment de la «passation civilisée du pouvoir», il fait, le 18 octobre 2017 à Kinshasa, un réquisitoire sans appel contre la justice et le magistrat congolais, déclarant, devant le Conseil supérieur de la magistrature, que «l’arrestation et la détention sont devenues un instrument d’intimidation et de terreur contre les inculpés pour les amener à libérer leurs avoirs, avec à la clé le fameux principe et objectif de «3V» : V comme Villa, V comme Véhicule et V comme Veste que tous les magistrats cherchent à avoir par l’exercice d’une profession, qui jadis, fut un apostolat».

«Pour des peccadilles comme pour les faits purement civils, le ministère public est prêt à priver de liberté l’inculpé dans le seul but d’obtenir de celui-ci des sommes d’argent pour accorder la liberté provisoire».

IL MET LE FEU AUX POUDRES ENTRE FCC ET CACH.
Fin septembre 2015, il fait incarcérer un avocat, Me Tshibangu Kalala à Makala qu’il juge indélicat. Le barreau menace de faire un sit-in devant le cabinet du ministre. Lui a tout pouvoir pour éteindre ces «impénitents». Il ordonne à toute société d’Etat qui a signé un contrat de conseil avec un avocat congolais de le dénoncer. ATM met à genoux les avocats qui, pris de peur, décommandent la manifestation. L’avocat incarcéré siégera plus tard à ses côtés comme ministre délégué auprès du Premier ministre Bruno Tshibala Nzenze.

Au tour de la presse. Elle en reçoit pour son grade. Le 20 juillet 2018, lors d’un cadre de concertation avec la Commission électorale nationale, il traite les journalistes de «minables», de « misérables » et de « malheureux ». «Il suffit d’un 300 US$ pour se payer quel titre on veut à la une d’un journal». A-t-il tord?
Ministre de la Justice, quelle réforme a-t-il proposé ou propose-t-il? Faut-il ne s’arrêter qu’en si bon chemin? Furieuse, la presse congolais le place sous embargo pendant six mois, le menaçant de poursuite judiciaire devant la Cour de cassation. Sans tenir le pari. Lui, s’en amuse trop...
Ministre des Affaires étrangères, il prend part en mai 2009 à une rencontre sous-régionale. Mais à Kinshasa, le Parlement bouge. Les Députés menacent...

Prenant la parole, il estime que les députés gagnent déjà trop - cent fois plus que les enseignants pour ce qu’ils sont - qu’ils devraient faire un peu plus attention dans leurs propos publics. Il a droit, à son retour dans la Capitale, à une motion de défiance mais est sauvé par une voix - une seule, miraculeusement - inventée par le président de l’Assemblée nationale, le PPRD kabiliste Evariste Boshab Mabudj qui a reçu ordre de le sauver.

ATM n’a jamais quitté le pouvoir Kabila aucune fois depuis qu’il y est entré sous le Premier ministre PALU Adolphe Muzitu Fumundji même si des vidéos virales du Président père Kabila le traitent nommément comme membre d’«un conglomérat d’aventuriers». S’il perd son poste au gouvernement dans la dynamique de cette motion de défiance et les bisbilles que lui fait subir à Kindu, son «ennemi devant l’Eternel» - feu le sénateur Aubin Ngongo Luwowo - qui se vante d’avoir acquis radio et télé pour le combattre «jusqu’à ce que mort s’en suive - et qu’il trébuche aux élections de 2011, qu’importe ! ATM a toujours la cote auprès du «Raïs», Joseph Kabila Kabange qui le rappelle en urgence alors que l’ancien ministre des Affaires étrangères séjournait à Bruxelles en route pour les Etats-Unis. Quand il revient dans la Capitale, c’est pour se voir offrir le portefeuille de souveraineté de la Justice, puis, plus tard, de ministre d’Etat au même ministère.

Kabila a-t-il besoin de se laisser entourer de grosses gueules pour le défendre? Il y a nombre d’autres ministres devenus inamovibles. Le cas du ministre de la Défense Aimé Ngoy Mukena. Après avoir fait une vidéo s’attribuant le rôle de «donneur de nationalité», il n’a plus jamais quitté un seul gouvernement. «C’est la grande faiblesse de Kabila. Il ne peut tenir face au chantage dont il est victime de la part de ceux qui disent être ses partisans. S’il ne donne pas un poste, il ne peut tenir. Or, il en a désormais de moins en moins à distribuer...»

Il faut reconnaître à ATM d’avoir la vérité facile. S’il appelle tout le monde «mon ami», s‘il vient à vous détester, il vous le dira cru. Voire, il vous le crachera. Si vous le prenez bien ou... mal, ça ne lui fera ni chaud ni froid !
Cet homme n’a jamais su comment et pourquoi présenter des excuses...Jusqu’au jour où, en mai 2020, au Sénat, il est dans les cordes, poussé par sa «collègue» Bijou Goya qui le stoppe net alors qu’il était bien engagé dans une avalanche d’insultes et de grossièretés... Si ATM s’est laissé arrêter, les dégâts - même collatéraux - sont incalculables. Pleurs et guerre totale à la Chambre haute.

La sénatrice avait initié une question orale adressée à son président de chambre en vue de savoir comment a-t-il pu engager des millions de US$ pour réfectionner la grande salle de la plénière sans requérir l’autorisation légale de la plénière.
Pour toute réponse, c’est des secrets d’Alcôve que sert, du haut de sa chaire, le président de la Chambre haute.
- Oui, elle m’a téléphoné plusieurs fois m’invitant chez elle pour manger et boire du Champagne et... candidate au poste de questeure, les responsables du FCC ont rejeté son nom, estimant qu’elle était trop légère pour avoir le profil de l’emploi... Mais elle me disait que c’était une opportunité pour qu’on se fasse du fric à deux. Mais, moi, du fric, j’en ai déjà assez pour moi-même et pour ma famille...

Rouvrir le Sénat suppose une séance d’échange des excuses. Mot que Alexis Thambwe Mwamba n’a jamais prononcé et qu’il ne prononce pas, se contentant de poser un bouquet de fleurs «à la collègue qui se serait sentie offensée». Les associations féminines s’en mêlent et l’affaire doit être réglée devant les tribunaux. Mais quand le magistrat se saisit du dossier, la plénière dominée par les FCC met fin à la procédure, invoquant... la séparation des pouvoirs. D’ordre du chef de la plate-forme FCC, l’ex-président Kabila qui n’a jamais cessé de voir en Alexis Thambwe Mwamba un «Géant» de la politique, lui-même se vantant de n’avoir jamais intégré l’ex-parti présidentiel PPRD.

En avril 2019, il ouvre le feu qui conduit à la guerre actuelle entre le FCC et le CACH. A la base la crise sanitaire planétaire de COVID-19 et les mesures de confinement qu’annonce le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et l’état d’urgence décrété le 24 mars. Dans un régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire, l’état d’urgence répond à un protocole strict. En scène le Parlement et la Cour constitutionnelle. Accusé de souvent violer la Constitution, le Président de la République est soupçonné d’avoir outrepassé ses pouvoirs. Et, à la clé, la menace de destitution via le Congrès. Tout cela déclaré en haute et intelligible voix sur une radio privée commerciale, TopCongo.

Parlant du Directeur de cabinet du Président de la République - très actif dans les travaux des 100 jours - Thambwe estime que «cet homme qui n’est pas une entité constitutionnelle» est «l’équivalent de mon maître d’hôtel»...
La perspective d’un congrès réveille l’UDPS et des proches du Président. Jean Marc Kabund-A-Kabund réclame le droit de réplique, dénonce une sortie injustifiée de 7 millions de $US pour ce Congrès. Une motion est lancée contre lui.

Et le Président a.i de l’UDPS à qui une révision du règlement d’ordre intérieur avait retiré tous ses pouvoirs confiés à son second FCC, à qui on n’a jamais donné la possibilité de présider une plénière (si Mabunda est en mission, Kabund doit d’office aller en mission afin de laisser les plénières être présidées par le IIème Vice-président) se fait défenestrer. La chute jeudi 10 décembre de Mabunda et de tout son bureau --est la revanche de Kabund. Qui met tout le bureau K.O tout le bureau Mabunda. La vengeance est un plat qui se déguste... surgelé.
ALUNGA MBUWA.


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