Les recettes de l’Etat sont en déficit permanent mais les consommations atteignent des sommets inconnus
  • ven, 21/04/2017 - 00:46

Les frais de fonctionnement des ministères et des institutions politiques ont représenté 22,7% des dépenses, soit des dépassements respectifs de 177,3% et de 159,1%.

Déficits partout. Dépassements partout... Le sombre tableau des finances publiques congolaises qui a conduit - sans aucun doute - le Président de la République à anticiper son discours annuel sur l’état de la Nation généralement livré en fin d’année et qu’il a prononcé le 5 avril devant les deux Chambres parlementaires réunies en Congrès au Palais du Peuple.
A la fin d’un discours que l’Histoire en majuscules retiendra comme étant le plus court qu’il ait jamais prononcé à ce jour, le Chef de l’Etat n’a pas fait dans la dentelle et ceci doit être très clairement souligné. Il a révoqué en direct, devant les deux Chambres réunies en Congrès, devant la Nation, le Premier ministre, Chef du gouvernement avant d’avoir trois phrases qui en disent long sur son état d’esprit au moment où il prononce ce discours - d’autres diront, son état d’exaspération extrême, pourquoi pas de mépris pour l’action publique qui venait d’être conduite trois mois durant - et que voici: «Comme par le passé, la République Démocratique du Congo n’a pas vocation à sombrer, mais plutôt à émerger. Ses difficultés conjoncturelles étant bien cernées, elles sont en voie de trouver des réponses appropriées. Je suis convaincu que grâce à l’engagement de tous, Opposition, Société civile et Majorité, et surtout grâce à l’appui de notre peuple, nous saurons surmonter les défis qui se présentent à nous. Et notre beau pays survivra aux prédictions apocalyptiques et malveillantes de ses détracteurs».
A la première semaine du mois d’avril 2017, alors que le Président de la République s’apprête à annoncer l’éviction du Premier ministre Samy Badibanga Ntita, le Compte Général du Trésor connaît un déficit de CDF 29,5 milliards consécutif aux recettes de 6,6 milliards et aux dépenses de 36,1 milliards. En cumul annuel, le Compte Général du Trésor affiche un déficit de CDF 22,5 milliards. Fin mars 2017, l’exécution du budget en devises connaît un déficit mensuel de USD 18,61 millions résultant des dépenses de USD 55,62 millions et des recettes de USD 37,01 millions. En cumul annuel, il se dégage une consommation de devises de USD 110,26 millions, ramenant le niveau des réserves à USD 735,18 millions correspondant à 3,23 semaines d’importations.
Quant à l’inflation, le taux hebdomadaire s’est situé à 0,761% venant de 0,645% une semaine auparavant. En cumul annuel, l’inflation a été portée à 6,700% et en glissement annuel à 18,235% contre un objectif de 7,0% à fin décembre 2017. Quant au marché des changes, au 6 avril 2017, il a été marqué par des poussées dans ses deux compartiments. Le taux de change s’est établi à 1.371,54 CDF le dollar américain à l’interbancaire et à 1.397,83 CDF au marché parallèle. D’une semaine à l’autre, il s’observe des dépréciations de 0,45% et de 1,09% respectivement à l’indicatif et au parallèle. Faut-il noter que les frais de fonctionnement des ministères et des institutions politiques ont représenté 22,7% des dépenses, soit des dépassements respectifs de 177,3% et de 159,1%.

Opérations
Financières de l’Etat.

Au 31 mars 2017, la comptabilisation des opérations financières de l’Etat, incluant l’amortissement de la dette, affiche un déficit de 2,4 milliards de CDF, traduit par un niveau des recettes de 327,1 milliards de CDF et des dépenses de 329,4 milliards. Comparé au solde de la période correspondante de l’année précédente de 3,9 milliards, il s’observe une détérioration de 6,3 milliards. Par ailleurs aux six premiers jours du mois d’avril 2017, le Compte Général du Trésor a réalisé un déficit de 29,5 milliards de CDF consécutif aux recettes de 6,6 milliards et aux dépenses de 36,1 milliards. En cumul annuel, le Compte Général du Trésor affiche un déficit de 22,5 milliards de CDF.

Evolution
mensuelle des recettes.

Au 31 mars 2017, sur un montant programmé de 283,0 milliards de CDF, les recettes collectées par les services mobilisateurs ont atteint 327,1 milliards, représentant un dépassement de 15,6 % rapportées à leur prévision. En rapprochant ce niveau à celui de mars 2016, chiffré à 301,4 milliards de CDF, il se dégage un accroissement de 8,5%.
Concernant l’effort de mobilisation, les recettes collectées par les régies financières ont représenté 36,1%, 30,2% et 32,2% de l’ensemble de recettes, respectivement pour la DGI (Direction Générale des Impôts), la DGDA (Direction Générale des Douanes et Accises) et la DGRAD (Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales). S’agissant des «pétroliers producteurs», leur part dans le total a été de 1,5% alors que la rubrique «autres recettes et dons» n’a enregistré aucune. Rapporté à leurs niveaux de l’année précédente à la même période, les recettes mobilisées au mois de mars 2017 par la DGI et la DGRAD ont connu des augmentations respectives de 14,9% et de 37,9% alors que collectées par la DGDA ont régressé de 17,5%. La rubrique «Pétroliers producteurs» quant à elle, a réalisé une augmentation remarquable de 529,3% rapporté à son niveau de l’année précédente à la même période, suite notamment aux effets du taux de change ainsi qu’à la reprise des cours de l’or noir. En cumul annuel fin mars 2017, les recettes se sont chiffrées à 891,2 milliards contre 859, 3 milliards à la période correspondante de 2016, ce qui représente une amélioration de 3,7 %.
L’analyse par rubrique de ces recettes en cumul annuel fin mars 2017, renseigne des augmentations de 9,1 %, 39,1% et de 156,5% pour la DGI, la DGRAD et les «Pétroliers producteurs» pendant que les niveaux de celle de la DGDA et de la rubrique «Dons et autres» ont connu des replis respectifs de 17,5% et de 70,8%.

Evolution
mensuelle des dépenses.

Au 31 mars 2017, les dépenses publiques, hors amortissement de la dette, se sont établies à 319,1 milliards de CDF à fin mars contre une projection de 285,8 milliards de CDF, soit un dépassement de 11,7%. Comparé à leur niveau de l’année précédente à la même période, il s’observe une hausse de 8,6%.
L’analyse par rubrique révèle une prépondérance des dépenses courantes avec une part de 80,5% du total pour un taux d’exécution de 111,5% par rapport aux projections. Les dépenses de rémunérations des agents de l’Etat, qui ont été exécutées à 99,7%, ont représenté 50,6% de l’ensemble de dépenses hors amortissement.
Il sied de noter que les frais de fonctionnement des ministères et des institutions politiques ont représenté une part non négligeable, soit 22,7% des dépenses hors amortissement. Rapportées à leur programmation, les frais de fonctionnement des ministères et des institutions politiques ont connu des dépassements respectifs de 177,3% et de 159,1%.
S’agissant des dépenses en capital, elles ont représenté 5,5% des dépenses hors amortissement bien qu’en dépassement de 169,7% comparativement à leur programmation mensuelle.
En cumul annuel fin mars 2017, les dépenses hors amortissement de la dette, se sont situées à 870,5 milliards de CDF dépassant de 8,4% leurs prévisions fixées à 803,2 milliards de CDF.

Plan de trésorerie
de la Banque Centrale.

Au 30 mars 2017, l’exécution du Plan de Trésorerie de la BCC s’est clôturée par un léger excédent de 0,10 milliard de CDF, résultant des encaissements de 16,146 milliards et des décaissements de 16,136 milliards de CDF. En cumul annuel fin mars, l’exécution du Plan de Trésorerie de la Banque Centrale affiche un excédent de 0,027 milliard de CDF alors qu’il était de 0,016 milliard à la période correspondante de 2016.

Budget en devises
et Réserves de change.

Au 31 mars 2017, l’exécution du budget en devises s’est soldée par un déficit mensuel de 18,61 millions de USD résultant des dépenses de 55,62 millions de USD et des recettes de 37,01 millions. En cumul annuel, il se dégage une consommation de devises de 110,26 millions de USD, ramenant le niveau des réserves à 735,18 millions de USD correspondant à 3,23 semaines d’importations des biens et services.

Analyse de l’offre de la monnaie centrale.

Au 6 avril 2017, la situation monétaire renseigne une hausse de la base monétaire de 63,9 millions de CDF par rapport à fin décembre 2016, atteignant un niveau de 1.681,5 milliards de CDF. Cette progression de l’offre de la monnaie centrale est expliquée par une augmentation des avoirs intérieurs nets à hauteur de 181,8 milliards de CDF. Par ailleurs, les avoirs extérieurs nets ont baissé de 117,9 milliards.
Au niveau des composantes, cet accroissement de la base monétaire est localisé à la fois au niveau de la circulation fiduciaire et celui des dépôts des banques, avec des imports respectifs de 22,3 milliards et 55,6 milliards de CDF.

Marché monétaire.

Au 6 avril 2017, l’encours sur le guichet des facilités permanentes s’est chiffré à 208,69 milliards de CDF, soit une ponction de 22,11 milliards de CDF par rapport à fin décembre 2016. S’agissant du marché interbancaire, le volume global des transactions s’est établi à 180,0 milliards de CDF à la première semaine du mois d’avril 2017 contre 243,00 milliards un mois plus tôt, soit une baisse de 63,0 milliards de CDF.

Bons de la
Banque Centrale du Congo.

Au 5 avril 2017, l’encours global des Bons BCC s’est situé à 3,06 milliards, dégageant une ponction hebdomadaire et une injection annuelle respectivement de 0,02 milliard et 5,44 milliards de CDF.

Facteurs
de la liquidité bancaire.

Au 6 avril 2017, il s’observe une injection nette de la liquidité de 11,7 milliards de CDF contre une ponction attendue de 59,2 milliards de CDF, dégageant un écart de 71,0 milliards de CDF.

Evolution
des facteurs autonomes.

Les facteurs autonomes ont injecté 36,4 milliards de CDF contre une ponction programmée de 17,6 milliards. Cette évolution est principalement liée aux injections réalisées au niveau des avoirs intérieurs nets à hauteur 154,2 milliards alors que les avoirs extérieurs nets ont ponctionné 117,9 milliards de CDF contre une injection et une ponction programmées respectives de 61,1 milliards et 78,7 milliards de CDF.

Evolution
des facteurs institutionnels.

Les instruments de la politique monétaire ont ponctionné 24,6 milliards de CDF contre une ponction programmée de 41,7 milliards suite aux ponctions réalisées via la réserve obligatoire de 52,1 milliards alors que l’encours Bon BCC et l’encours de refinancement ont effectué des injections respectives de 5,5 milliards de CDF et 22,0 milliards de CDF.


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