- ven, 04/06/2021 - 12:23
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1529|JEUDI 4 JUIN 2021.
Sous Mobutu, on l’appelait «le Tomatier». Lors d’une réplique cinglante à la télé, alors que le débat des années Conférence nationale faisait rage dans toutes les travées, il expédie d’un uppercut mortel l’un de ses contradicteurs : «Il ne peut me parler. Il ne me ressemble pas. J’ai mangé la tomate crue quand lui était où?».
Le marxiste-léniniste assumé passé à Pékin où, dans une délégation des nationalistes congolais, il a un colloque singulier avec le Grand Guide Mao Tse Toung, puis à La Havane, où il parle en privé avec le non moins Grand Guide du pays Fidel Castro, rapproché de Mobutu sans méconnaître ses convictions, celui qui fut le troisième homme d’un trio formé de Mandungu Bula Nyati et Kamanda Wa Kamanda a toujours gagné par un verbe tranchant.
Alors que la gestion des provinces prend feu, Kitenge Yesu Nz, après avoir réussi le coup de maître de déchoir la coalition FCC-CACH, vidé le FCC de son contenu et créé l’USN, l’Union Sacrée de la Nation, décide de passer à la vitesse supérieure, s’attaque à la question provinciale.
ILS DEFILENT TOUS.
Dimanche 21 mars, ce sont onze députés provinciaux sur les vingt qui forment l’Assemblée provinciale du Lualaba (Capitale Kolwezi, l’une des provinces du Katanga démembré) connue pour être l’un des fiefs kabilistes avec le Tanganyka dirigé par Zoé Kabila Mwanza Mbala, le jeune frère de l’ex-président, qui déboulent à sa résidence, sur la ville haute, quartier Pigeon, pour le rencontrer.
Face au Haut Représentant et Envoyé Spécial du Président de la République en sa résidence, ces élus annoncent leur adhésion à l’Union Sacrée de la Nation. Ils veulent «pérenniser, selon leur porte-parole, la reconstruction de la province entamée sous la houlette de S.E le Gouverneur Richard Muyej Mangenze Mans, accompagné par l’Assemblée provinciale».
Puis au tour d’une délégation des députés du Grand Bandundu (les trois provinces, Kwilu, Kwango, Maï-Ndombe) à être reçue conduite par le D-G de la DGDP, la Direction Générale de la Dette Publique, Laurent Batumona Nkhandi Kham, coordonnateur des FPAU, les Forces Politiques Alliées de l’UDPS dont il est l’Autorité Morale.
Mais le grand coup de ce mois revient aux notables du Sankuru. Reçus quatre fois d’affilée, après des rencontres préparatoires - samedi 27, dimanche 28, lundi 29 mars - l’une des réunions dure sept heures - c’est après ces longues palabres africaines quand le compromis est trouvé, que la réconciliation est scellée d’une part entre les députés provinciaux et le gouverneur Joseph Stéphane Mukumadi et, d’autre part, entre trois frères ennemis, que Kitenge Yesu offre un dîner de réconciliation, un repas de famille consacrant une entente parfaite.
Une vidéo virale sur les réseaux sociaux résume cet incroyable moment : en cette résidence couverte d’arbres géants, sous sa pergola, Franck Diongo Shamba, Jean-Charles Okoto Lolakombe Okoto et Lambert Mende Omalanga, se tenant les mains au-dessus de leurs têtes - comme des enfants ayant failli et désormais face à leur parent - on entend le Gardien du Temple, l’Organe-Oracle, l’œil et le doigt en l’air, ordonner : «Je ne veux plus rien entendre qui puisse les diviser. Tout différend est clôturé dès maintenant». S’ensuivent deux Amen. Signe en politique de reconnaissance de leadership...
Il faut noter que le Sankuru est l’une des provinces du pays les plus difficiles politiquement avec des querelles voire des guerres ethniques vivaces conduisant à des tueries et à des incendies de villages entiers.
Les personnalités sankuroises présentes : députés nationaux, députés provinciaux, sénateurs, personnalités dont l’un des vrais Kabilistes de tous les temps, l’ex-Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères Léonard She Okitundu.
Un absent et de taille qui en dit cependant long sur cette cet esprit de «résistance» vanté dans la nouvelle opposition : le sénateur Moïse Ekanga Lushyma.
Celui qui est aujourd’hui président de la commission économique et financière de la Chambre haute, qui fut hier le tout puissant financier des programmes sino-congolais (sur papier secrétaire exécutif du bureau de supervision du programme RDC-Chine, avec siège le long du fleuve surplombant celui-ci, à deux encablures de l’Hôtel du Gouvernement, ç’en dit tout) reste à ce point lié à la personne de l’ex-président Kabila qu’il pourrait être le dernier des Mohicans à rejoindre le camp de l’Union Sacrée de la Nation.
Si l’ancien chef des programmes sino-congolais s’est annoncé à ces palabres, il a fini par décommander sa présence expliquant qu’il ne se trouvait pas dans la Capitale quand il s’y trouvait, affirmant clairement sa posture de «résistant» que désormais le PPRD-FCC revendique. Rarement ceux qui ont des intérêts économiques en commun ne sont parvenus à se détacher...
TWEETS RAVAGEURS.
Il reste que l’Histoire en majuscules retiendra surtout de cet homme, à l’heure de l’Internet, ses tweets ravageurs.
Petit florilège :
«Procès d’intention d’un certain «homme de Dieu» sur les élections, qui sans gêne réclamait 3 jeeps à ceux qu’il qualifiait de médiocres. S’il est Don Camillo pour rire, il ne sera jamais Dom Helder Camara, Évêque brésilien, sans jeeps ni avoirs, prolétaire, défenseur des pauvres» (8 mars).
«Derrière chaque grande fortune se cache un crime tout aussi grand». René de Balzac. Sans vouloir revenir sur les motivations profondes de la maudite guerre de l’Est du pays, du reste connues de tous, le sentiment national général est que ses origines frisent la traîtrise» (20 février).
«Msg du VPM Intérieur sèment le Doute entre le vrai, le vraisemblable et le faux. Ses décisions arbitraires annulant les résolutions des assemblées provinciales sont nulles et de nul effet.
Les Assemblées devraient s’y opposer par tous les moyens de droit. C’est ça l’ÉTAT DE DROIT» (9 février).
«En toute chose, il faut considérer la fin. Et c’est le début de la fin, inéluctable. Un fruit, mûr ou pas mûr, tombe devant l’ouragan de l’USN. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. Les honneurs et la célébrité n’empêchent pas la déchéance ou la chute d’arriver» (3 février).
«En ce jour, je conjugue le Sphinx au présent. FCC pièces détachées non ajustables. Adieu bureau fantôme de l’AN. Au rancart gouvernement. Un digne et responsable bureau de l’AN. Gouvernement de vertébrés. Qui est-il? @Fatshi13. On ne peut pas pourchasser l’aigle sans savoir voler» (1er février).
«La personnalité=garde-robe du moi. Le courage est comme 1 muscle qui prend la force à l’usage. Gardez le meilleur rejetez le pire. Honorables décidez sans crainte. Dissolution ou pas est votre unique responsabilité. De temps en temps Félix rappelle les forces tapies dans son cœur» (9 décembre 2020).
«Félix est Président par la volonté de Dieu, matérialisée en son Peuple, guidé par le Sphinx. Œuvre de longue haleine. «Faiseurs de rois», tout à votre honneur mais, simples instruments de Dieu. Tout comme le Diable : la Tentation du Christ. Les outrages au PR se paieront comptant» (7 mai 2020). «Par solidarité moqueuse moi HR de mon état ai suivi la cérémonie à la TV.
La 1ère d’un processus sévère, déterminant. Les grands arbres (Félix) attirent des grands vents. Le FCC a engagé un corps à corps perdu d’avance. POT DE TERRE CONTRE POT DE FER. Victoire au Peuple souverain» (21 octobre 2020).
Enfin celui-ci qui parle du Père de la démocratie congolaise, le père du Président de la République et comment ne pas penser au Tomatier lui-même, homme organe et oracle ce 31 mai où il disparaît dans les airs: «Sur l’oiseau blanc fluorescent, aux reflets écarlates déchirant la nuit d’un long reflet aux lueurs d’éclair, le Sphinx revenu des Cieux, portant l’infini dans son âme, survolant la ville dit urbi et orbi : Veni Vidi Vici priusquam. Je suis venu. J’ai vu. J’ai vaincu avant de partir».
T. MATOTU.