A Kin, des syndicalistes de la Gécamines plaident la relance
  • dim, 17/05/2015 - 13:02

Ils ne veulent pas voir mourir leur entreprise autrefois fleuron de l’économie nationale (450.000 tonnes/an avec 70% de part de la compagnie minière nationale au Budget de l’Etat) et même si la Gécamines est aujourd’hui au plus bas (50.000 t/an désormais de production de cuivre) avec des mois sans production (tel le mois de février 2014), des salaires impayés (cinq mois désormais accumulés, situation tout de même en redressement quand on sait qu’en 2001, un seul mois avait été payé), des syndicalistes de la Gécamines veulent croire. Croire en la capacité de leur entreprise à rebondir... Il lui suffirait d’un coup de main de l’Etat propriétaire, argumentent-ils.
Certains d’entre eux - conduits par le président de l’Intersyndicale Kasongo Mabwisha - ont fait mi-mai le déplacement de la Capitale pour plaider la cause et de l’entreprise et de leur management.
En novembre 2014, ils avaient fait le même voyage et rencontré plusieurs ministres du Gouvernement central: celle du Portefeuille Louise Munga Mesozi, celui des Ressources hydrauliques (de l’époque) Bruno Kapandji, son collègue des Infrastructures Fridolin Kasweshi et l’incontournable Martin Kabwelulu en charge des Mines.
A ces membres du Gouvernement, les délégués syndicaux avaient présenté un cahier des charges rédigé avec leurs collègues, une liste de difficultés qui s’abattent sur l’entreprise et empêchent celle-ci d’assurer sa production et donc de tenir face à une concurrence des minings sud-africaines, chinoises et autres.
Ces syndicalistes étaient à nouveau en mission de séduction des autorités politiques centrales afin qu’elles tournent leurs regards vers une entreprise désireuse de redorer le blason terni.

DETTE PHARAONIQUE DE USD 120 MILLIONS.
Ce qui bloque le plus la Gécamines? Les coupures «intempestives» d’énergie électrique par la Snél alors que les délégués syndicaux assurent que la Gécamines est à jour avec ses factures. Ils plaident pour l’amélioration en fournitures de l’énergie électrique mais aussi de l’outil de production.
Quand la norme désormais est aux nouvelles technologies dont sont dotées toutes les minings du Katanga, la Gécamines gît encore et toujours dans l’âge de la pierre, avec des équipements datant de l’époque coloniale, expliquent les syndicalistes. Président du bureau syndical permanent, Delphin Kabila Ngoy explique que l’entreprise dispose encore d’usines métallurgiques «datant certaines de 100 ans»! Ces hommes venus du Katanga vantent des réserves certifiées de leur entreprise (10 millions de t de cuivre), se réjouissent des résultats engrangés par les nouveaux dirigeants (la production mensuelle est passée de 500 à 600 t/mois à 1.300 et 1.700 t/mois mais l’objectif est de produire 3.000 t/mois si l’agent veut voir son salaire régulièrement versé, assurent les délégués). Loin certes derrière les minings qui réalisent 14.000 t/mois grâce à outil de travail modernisé.
Longtemps, l’employeur recourait au découvert bancaire en vue de couvrir la paie (d’où une dette pharaonique de USD 120 millions alors qu’aucune production n’était assurée). «Une entreprise qui vit des dettes, paie ses travailleurs à l’aide des découverts bancaires comme le faisait la Gécamines à l’époque, n’a aucun avenir», articule le président de l’Intersyndicale.
Désormais, rien de tel, se réjouissent les délégués qui vantent de la compétence et de l’expertise au sein de l’entreprise.
«C’est vrai que l’entreprise traverse des périodes difficiles de son histoire et cela s’explique par le fait entre autres qu’en 1990, il y a eu effondrement de la mine de Kamoto», rappelle le président de l’Intersyndicale.
Avant de rassurer: «le tableau de la Gécamines n’est plus aussi sombre qu’il l’était dans le passé. Loin de là...». «La priorité pour la Gécamines aujourd’hui est la construction de nouvelles usines modernes capables de lui permettre d’accroître sa production à l’instar des autres minings. La Gécamines a besoin d’être accompagnée pour lever des fonds qui lui permettent de construire des nouvelles usines de standard international que détiennent les autres minings qui ont élu domicile dans la province cuprifère. C’est la seule façon pour la Gécamines de devenir compétitive d’ici deux à trois ans».
Autre cap qu’a pris l’entreprise: le rajeunissement de personnel. L’âge moyen désormais est de 56 ans. Dans le souci de préparer la relève, le Conseil d’administration a entrepris de recruter des jeunes diplômés. Dès que les offres d’emploi sont lancées, priorité est accordée aux enfants des retraités, ensuite aux techniciens qualifiés. Le rajeunissement fait suite à des départs à la retraite des agents ayant atteint l’âge requis, soit 60 ans d’âge pour les femmes et 65 pour les hommes. Huit cents agents sont éligibles à la retraite. Il y a deux mois, l’employeur a payé le décompte final de 200 agents (150 hommes et 50 femmes) partis à la retraite. «C’est la première fois que des agents de la Gécamines quittent aussi honorablement l’entreprise».
«La Gécamines est désormais une S.A (société anonyme) disposant d’un Conseil d’administration qui joue un rôle très important dans la conception des projets, l’étude des propositions soumises par le comité de direction. Le Conseil d’administration donne une orientation au comité de direction qui gère au quotidien la société. La gestion de tous les jours relève du comité de direction», expliquent-ils. Ajoutant que la Gécamines est la seule entreprise minière du (au) Katanga qui met un point d’honneur au respect de son objet social par la garantie d’un empoi stable de ses travailleurs. une culture sociale qu’ignoreraient toutes les minings privées.
«Il arrive souvent qu’un agent de ces minings soit licencié, en plein service sans motif valable. Les conditions de travail ne préoccupent pas les patrons des minings privées. Ce qui compte pour eux, c’est le bénéfice maximun à réaliser», dit-il.
En regardant sur le rétroviseur, Kasongo Mabwisha: «Notre pays a connu un état d’embargo embargo suite aux incidents du campus universitaire de Lubumbashi. La société qui était appuyée par des financements extérieurs s’est retrouvée du jour au lendemain dépourvue d’assistance extérieure. Cette situation date de 1990. Il faut aussi évoquer la mauvaise gestion de la IIème République. Les anciens dirigeants du Zaïre avaient l’œil rivé sur l’entreprise.
«Aujourd’hui, la Gécamines entre dans une phase décisive de son histoire. Elle est à la croisée des chemins. Si elle rate l’occasion de se relancer, elle risque de se trouver en phase délicate».
MARDOCHEE NGOMBE.


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