Katanga, un autre son de cloche
  • lun, 25/03/2013 - 15:39

Depuis quelques mois, des nouvelles alarmantes viennent du Katanga de manière récurrente. Des hommes politiques se lancent des boulets. Des armes en pleine journée crépitent à la Luano, la piste aérienne du chef-lieu de la province, Lubumbashi, un jour plus tard dans la ville. Des délégations officielles venues de la Capitale Kinshasa piégées, peinent à quitter le pays du cuivre-cobalt. Des déclarations de type irrédentiste sont entendues de manière contrastée. Elles sont le lot des chefs politiques de premier ordre! Qu’est-ce qui se passe au fond au Katanga?

LE SOFT INTERNATIONAL N°1220 ED. LUNDI 18 MARS 2013.

Le Katanga est-il toujours cette province modèle qui nous a fait tant rêvés pour son dynamisme, sa culture ou a-t-elle décidé de renouer avec ses vieux Démons? Jusqu’à présent, Kinshasa avait semblé minimiser cette lave volcanique qui prenait corps, montait jusqu’au matin de ce samedi 23 mars quand la Capitale du pays, à deux heures d’avion, reçoit l’incroyable nouvelle: une colonne d’insurgés - souvent des jeunes gens armés de fusils d’assaut AK 47, des lances roquettes, des lances, des flèches, des couteaux et autres armes blanches - avançait vers le centre-ville et érigeait le drapeau katangais qui est tout sauf le tricolore, réclamant l’indépendance.

Des coups de feu crépitaient à travers la ville. On comptait des morts... dans la deuxième ville du pays!
Dès 20 heures, dans un jt exceptionnellement court, long d’une dizaine de minutes que rien ne pouvait expliquer quand il s’agit du principal journal télévisé du pays, la Rtnc - la télévision publique nationale, le canal officiel du pays - a lu trois fois - l’heure est grave! - un communiqué du porte-parole du Gouvernement faisant état de «délinquants drogués» quand l’autre canal - Digital -, toujours aussi bien informé sur le Katanga, diffusait dès 19h30’ des images qui laissaient pantois!

Katanga sous coupe réglée.
A en croire le commentateur, elles rappelaient la situation qui prévaut dans les rues de Bagdad, en Irak...!

Jamais à ce jour, la province en proie à diverses revendications identitaires et à diverses convulsions - le Nord Katanga où sévit un autre groupe armé du chef Maï-Maï Kyungu Mutanga surnommé «Gédéon» s’est vidé de ses habitants, qui se sont déversés dans la forêt, fuyant l’avancée des «Maï Maï» qui y prolifèrent comme du champignon -, ne s’était exprimée avec un tel déferlement de violence en pleine journée et en plein centre des affaires de ce qui est la deuxième ville et la Capitale économique du pays! Doit-on banaliser la violence à l’instar de ce qui se passe dans cette ville mexicaine de Ciudad Juarez où des cartels de la drogue opèrent au vu et au su de tous et donnent la mort quand cela leur plaît? Samedi, différentes sources faisaient état d’une dizaine de morts.

On peut supposer qu’il s’est agi d’un bilan provisoire... Digital Télévision a fait toute une page magazine sur des images d’une télévision katangaise partenaire. On pouvait voir des centaines de gens portant de bandeaux rouges ou blancs à la tête, signe de ralliement, assises à même le sol à un poste de la MONUSCO, la force de la Mission des Nations Unies pour la sécurisation, dans le chef-lieu du Katanga.

Stupéfiant message au pays.
Au fond, quel message le Katanga veut-il passer au Congo et au monde? Aussi incroyable que cela puisse paraître, à la Monusco, les Bakata Katanga sont venus dire leur ras-le-bol d’être... Congolais et réclament l’indépendance de la province. «Nous sommes ici puisque nous ne voulons pas de cette souffrance. L’indépendance avait été obtenue en 1960 mais depuis 2010, rien ne va ici. Nous sommes fatigués d’être des esclaves. Nous sommes venus non pour nous rendre et non plus pour rendre nos armes mais pour demander à la Monusco de nous donner notre indépendance. Nous voulons que le Katanga soit un pays et que notre président soit reconnu», a déclaré l’un d’eux.

Stupéfiant! Faut-il en rire? Qui manipule ces jeunes à une période aussi cruciale de l’histoire de notre pays? Le temps n’a-t-il pas sonné enfin pour faire parler l’état et de la manière la plus claire?

Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, s’est à la fois dit indigné tout en minimisant ces incidents? «Quand vous voulez vous rendre dans une ville, vous ne vous rendez pas avec des armes. Vous devez vous signaler auprès des autorités. Il y a eu un problème de communication et c’est pour cela qu’il y a eu un petit débordement», a-t-il expliqué, promettant de mettre ces gens «dont certains ont l’âge de 10 à 12 ans et qui auraient dû aller aux champs» à la disposition de la justice afin qu’ils répondent de leurs actes. «Ils ont cité des gens que nous allons arrêter», a-t-il poursuivi. Il faut noter - et ce n’est pas peu, bien au contraire - qu’il en aura fallu plus de trois heures de combats pour venir à bout des centaines d’hommes «drogués» - mais par qui? C’est tout dire sur leur «engagement». S’ils ont déposé les armes, c’est à la Monusco. Bilan: cinq à dix morts, selon les sources.

Alunga mbuwa

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