IGF, la révélation des années Fatshi
  • jeu, 22/12/2022 - 10:47

Les services publics congolais en transmutation.
PARIS, BRUXELLES, KINSHASA. Le Soft International n°1570 |MARDI 20 DÉCEMBRE 2022.

Il y a trois ans, personne ne le connaissait au Congo et à l’étranger. Comme on dit, aucune image de lui n’existait, ne circulait nulle part sur la Toile. Aucun texte de presse ne lui avait jamais été consacré, ni aucun texte n'avait pu faire allusion à sa personne. Pas la moindre référence nulle part. Jules Alingete Key fut un homme sans histoire.
SUPERMAN DES FINANCES PUBLIQUES CONGOLAISES.
Depuis, l'Histoire est autre. Certes, le Zaïre de Mobutu connut un Léon Kengo wa Dondo, un PGR qui sema la terreur dans le pays, jeta en prison un artiste-musicien célèbre, François Lwambo Makiadi dit Franco, accusé d'avoir joué «une chanson obscène».
Mais, jamais ce Procureur Général de la République devenu plus tard trois fois Premier ministre, puis président de la Chambre haute avant de quitter la politique, n'avait atteint le toit de la reconnaissance où se trouve aujourd'hui juché Jules Alingete Key. Jamais un Haut fonctionnaire de l'État congolais n’avait autant fait parler de lui, au pays et à l'étranger, comme cet Inspecteur Général des Finances-Chef de Service.Il a fallu qu’en mars 2019, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo tout juste proclamé et investi à la tête du pays le reçoive en interview d’embauche, amené par un ami à la Cité de l’Union Africaine, et, soucieux d’en savoir plus sur le « système de coulage des recettes publiques » qui faisait perdre jusqu’à 10 milliards de $US au Trésor public, tente le jeu en faisant revenir cet homme à ses premières amours, pour que ce ressortissant du Grand Bandundu se dévoile en superman, en super gendarme, des Finances publiques.
Il avait déjà des références solides. Sciences Éco, condisciple à l’Université de Kinshasa de « l’homme du leadership », l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon qu’il dit «connaître parfaitement» ; coordonnateur de cabinet à la ville de Kinshasa sous Théophile Mbemba Fundu di Luyindu comme sous Christophe Muzungu Kabemba aujourd’hui ambassadeur à Brazzaville ; commissaire aux Comptes à la société de production et de distribution d’eau Régideso ; conseiller Climat des affaires à la Primature sous deux premiers ministres ; l'un des tout premiers directeurs de la DGRK, la Direction Générale des Recettes de Kinshasa, Directeur de cabinet adjoint de la ministre de l’Économie Acacias Bandubola Mbongo ; et, surtout, l’IGF. Déjà ! Bref, quand on parle Finances et Économie, Jules Alingete Key n’affiche aucun complexe. Il décline thèses et antithèses comme une machine à écrire ; il maîtrise le sujet à la perfection. L’IGF, l’Inspection Générale des Finances, il connaît. Il y avait fait ses premières armes. Il y est recruté le 7 janvier l’année d’après sa licence en Économie obtenue en 1988. Sa cote à ce concours en dit déjà long : il est le sixième nom cité sur une liste de cinquante recrues quand une foule de candidats frappe aux portes ; promu inspecteur principal en 2010 et, dix ans plus tard, en 2020, il est Inspecteur Général des Finances. Lorsque dans le passé, un homme a connu et expérimenté un service et qu’il y retourne quelques années plus tard à une fonction supérieure, la réaction a toujours été positive: il est celui qui en connaît les failles ; il est celui dont la tâche est de trouver les solutions, de régler le problème...
C’est là, sans nul doute, qu’il faut trouver l’explication de l’explosion - mieux, de la révélation des années Tshisekedi dit Fatshi, par des Combattants du parti présidentiel - d’un Grand Service de l’État congolais aujourd’hui en pleine transmutation. Comment faire des avancées dans la traque et dans la filature des chemins de coulage et de pillage des richesses du pays ? Comment avec efficacité travailler à ramener au Compte Général du Trésor Public le plus de ressources possible afin que le pays mène des bonnes politiques (relance économique, reconstruction des infrastructures économiques, sociales, eau, électricité, santé, etc.) afin que l’image du pays se redresse quand les cinq ans de mandat de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo c’est certes beaucoup et, en même temps, peu? Comment faire pour que ce qui n’a pu être fait hier, le soit aujourd’hui, sans attendre, alors que le mandat de cinq ans court imperturbablement à sa fin et qu'il y a un bilan à dresser ? Le diagnostic de Alingete est clair comme l’eau de roche. «Si nous ne prenons pas garde aujourd’hui et maintenant, dans dix ans au plus tard, l’IGF n’existera plus. Ce service disparaîtra à coup sûr des radars».
Si, sur papier, l’ordonnance de Mobutu n°87-323 datée du 15 septembre 1987 portant création de l’Inspection Générale des Finances, seul texte en vigueur, jamais revu depuis, l’a été pour fonctionner avec 200 inspecteurs des Finances, en 2019 quand Alingete prend le pouvoir à l’IGF, le 7 juillet, ce service ne dispose pas de 70 inspecteurs, la majorité d’entre eux ayant choisi d’aller voir ailleurs ou se trouve en détachement plus motivant.
L’urgence consiste à travailler pour faire ressusciter un service autrefois corps de l’élite financière du pays, en lui redonnant ses lettres de noblesse d’antan. Mission reçue par Alingete du Président de la République. D’où l'appel à candidatures lancé, sans attendre, le 22 juillet 2020, dans les deux semaines suivant sa prise de fonctions : un concours de recrutement des jeunes inspecteurs des Finances. Le Gendarme veut rajeunir ce service, renforcer ses «forces spéciales de l’IGF » comme il nomme ses brigades en charge d’œuvrer en faveur de la restauration de la bonne gouvernance attendue des gestionnaires des finances et biens publics. Cette première épreuve se déroule du 10 au 20 août 2020. Depuis, il y en a eu d’autres.

LE SYMBÔLE DE LA LUTTE CONTRE LES DÉTOURNEURS.
Les résultats n’attendent pas. Les premières prises tombent. Elles détonnent. Premier dossier : fonds Covid-19. Sur 6 millions de $US mobilisés par le Gouvernement, 2 millions de $US manquent à l’appel. Soit 30% du financement total ont pris une destination inconnue. Un ministre suspecté et pas n'importe lequel, le ministre de la Santé, Eteni Longondo, un membre du parti présidentiel à l'époque en charge des finances du parti. Deuxième dossier : les exonérations. Nul doute pour Alingete : il y a là «un mode savamment imaginé de détournement des dépenses publiques», mis en place par les autorités gouvernementales. Au total, plus de 1.500 cas d’exonérations identifiés, un manque à gagner de plus de 2 milliards de $US. Un ministre suspecté et pas n'importe lequel, le ministre des Finances lui-même, José Selé Yalaghuli.
Troisième dossier : les compensations des recettes publiques via « des créances farfelues ». Un ministre suspecté et pas n'importe lequel, le ministre des Finances José Selé Yalaghuli. Alingete a juré : face au système de pillage et de coulage des finances publiques mis en place par les hauts fonctionnaires, l'IGF ne restera jamais sans réaction, face à qui que ce soit. Un message gratuitement délivré : « les prisons du Congo attendent du monde».
Et il y en a eu du monde. Il y en a du monde. Mais le pays réclame que les fonds détournés lui soient retournés au Trésor public. Là est l'œuvre de la Justice dont l'IGF ne peut se mêler. En trois ans, en trois fois successives, devant les deux Chambres parlementaires réunies en Congrès, le Chef de l’État loue la bravoure de l'IGF dans ses discours sur l’état de la Nation. Est-ce pour dire «bravo et merci pour votre courage, vous êtes un des principaux éléments de la réussite de mon mandat » ? Pour le peuple démuni, le patron de l'IGF passe pour le symbole de la lutte contre les détourneurs des deniers publics. Quelle que soit la pression, Alingete ne lâche pas sa proie. Mais comme les juges américains, face à ceux qui avouent leurs forfaits - le cas des responsables de la gabegie financière à la Gécamines, Alingete est à l'écoute. Face à ceux qu’il qualifie d’incorrigibles qui s’amusent à tenter de jeter le discrédit sur un rapport de de l’IGF, il est et reste intraitable. Dans son bureau juché d’innombrables portraits de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo comme pour dire « je suis dans la confiance du Chef », il dirige et suit à la loupe les actions de ses « brigades spéciales ». Il a réussi à inspirer la crainte de ses inspecteurs déployés dans les services et ministères. Avec certes un incroyable courage au Congo, il traque les prédateurs, innove, apporte des réformes et de nouvelles stratégies dans la lutte contre la corruption, met la classe politique en ballottage : ministres, directeurs généraux, présidents des conseils d’administration, secrétaires généraux de l’administration publique «sont passés à la guillotine».
Il inspire une peur bleue même dans le dernier carré du Président de la République contraint de changer ses méthodes de travail. Il a rendu la fonction d’Inspecteur Général des Finances-Chef de service au Congo aussi importante sinon plus importante et enviable que celle de ministre. Il reste la révélation de la classe politique dirigeante congolaise. Il faut le reconnaître d’emblée: sans l'accompagnement personnel du Chef de l’État Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dont elle jouit et continue de jouir de la confiance et qui lui dote de tous les moyens de transmutation voire d'un immeuble de plusieurs étages, l’Inspection Générale des Finances serait aujourd’hui encore ce qu’elle a été ces longues dernières années : l’ombre d’elle-même. Sans l’engagement, sans le professionnalisme, sans la détermination d’un homme, son nouveau patron Jules Alingete Key, qui parlerait aujourd'hui de l'IGF ? Cité en Afrique par la revue transafricaine Jeune Afrique comme «l'icône de la lutte contre les antivaleurs dans les Finances publiques congolaises», reconnu aux États-Unis d'Amérique, à New York, par le prestigieux magazine financier Forbes, il expose avec sérénité devant les parlements belge et européen. Sans avoir la carte d’un parti politique, ceux qu’il traque lui prêtent appartenance et intention politiques. Bandundois, des plus inventifs vont jusqu'à le citer comme financier des Bakata Katanga... katangais ! Ses nouveaux slogans : «De gré ou de force, l’IGF imposera la bonne gouvernance publique voulue par le Chef de l’État Félix Tshisekedi. Les délinquants financiers incorrigibles seront toujours livrés publiquement en spectacle et leurs employés de presse rétrogrades seront en larmes ».
Proche parent du Cardinal Laurent Monsengwo Pansinya, il est aussi de l’école Monsengwo. Alingete fait la fierté du Grand Bandundu. Son maître d’inspiration serait le professeur Freddy Matungulu Mbuyam Ilankir, l’ancien hyper ministre sous Kabila fils (Finances, Économie, Budget). Alingete affirme être un vrai successeur de Kazumba Luaula qu’il considère comme un modèle de courage. Plus que jamais, cet homme mérite sécurité et protection renforcée. 

T. MATOTU.


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