Bruno Kapanji Kalala retrouve le grand Inga, un dossier dont il a la parfaite maîtrise
  • ven, 16/10/2015 - 03:25

Remanié le 7 décembre 2014, l’ancien ministre des Ressources hydrauliques et ElectricitéBruno Kapanji Kalala, originaire de Gungu (Kwilu) va piloter la stratégique agence ADPI qui va gérer le projet Grand Inga...

Le président de la République Joseph Kabila Kabange a promulgué mardi 13 octobre 2015 deux ordonnances, l’une portant création, organisation et fonctionnement d’un service spécialisé au sein de la Présidence de la République dénommé Agence pour la promotion, le développement et la mise en œuvre du projet Grand Inga, entre notre pays et la République Sud-africaine, ADPI-RDC en signe, l’autre désignant un chargé de missions au cabinet du Président de la République. C’est Bruno Kapanji Kalala, originaire de Gungu (Kwilu), ministre des Ressources hydrauliques et Electricité jusqu’au dernier remaniement du 7 décembre 2014, qui va piloter cette agence.
Analyse économique et financier des Projets, cet ancien du Service Présidentiel d’Etudes sous Mobutu (1980- 1987) retrouve un secteur et un dossier dont il avait la parfaite maîtrise. Il était en effet très engagé dans ce projet de Grand Inga aux côtés des autorités sud-africaines. Il sera assisté, aux termes de l’ordonnance présidentielles, de deux coordonnateurs, l’un chargé des questions administratives et financières, l’autre, des questions techniques. Sous le titre, «la Banque mondiale plombe les ambitions du projet Inga-3», Le Soft International a publié un article (éd. 1323, daté lundi 13 juillet 2015) qui permet de comprendre les enjeux du projet Grand Inga-3. Ci-après.
Alors que l’on croyait les relations spécialement réchauffées entre Pretoria et Kinshasa et généralement entre les pays partenaires de la SADEC, la Communauté économique d’Afrique Australe et le Congo suite au méga projet Inga 3 - du nom du grand barrage hydro-électrique du même nom, situé sur le fleuve Congo - voilà que celles-ci paraissent soudain plongées dans une sorte d’émoi.
A la base: des déclarations du représentant de la Banque Mondiale à Kinshasa, Ahmadou Moustapha Ndiaye.
Le 10 avril dernier, l’agence financière de presse ECOFIN basée en Suisse rendait public sur son site www.agenceecofin.com un communiqué de la Banque Mondiale intitulé «R-dCongo: le début de la construction du barrage Inga 3 repoussée en 2017». On y lisait la décision de la Banque mondiale selon laquelle «la construction du barrage congolais Inga 3 ne démarrera pas avant 2017». Puis: «Cette annonce a été par le directeur des opérations de la Banque Mondiale pour la RDC, Ahmadou Moustapha Ndiaye».
Selon le représentant de la Banque Mondiale en RDC, normalement, les travaux devraient débuter en 2017. «Mais cette date doit être prise avec beaucoup de précautions notant encore d’importantes questions techniques et réglementaires à régler». Le problème est que le Congo avait conclu et menait ce projet avec des partenaires stratégiques financiers et commerciaux: ceux de l’UA, de la SADEC, principalement la République Sud-africaine, la BAD et du NEPAD à l’époque où le pays exerçait le leadership sur le processus de réalisation de ce grand barrage et qui tenait à cœur le président de la République Joseph Kabila Kabange. Des préparatifs techniques juridiques et commerciaux avaient été examinés, structurés et priorisés. Un calendrier avait été adopté en vue d’atteindre les objectifs fixés.

TRAITE ADOPTE.
Fort de cela, un traité avait été préparé, négocié et adopté par les parlements notamment congolais et sud-africain. Du coup, Inga 3 devenait une réalité vivante de la coopération mondiale et africaine.
Inga 3 est situé à proximité des deux barrages d’Inga 1 (350 MW à l’origine) et Inga 2 (1424 MW), construits en 1973 et 1982 et gérés par la Société nationale d’électricité (Snél). L’Afrique du Sud recevrait 2500 MW d’Inga 3, le reste desservant en priorité le Katanga, où l’industrie minière a un besoin urgent de 1000 MW et dont la demande pourrait atteindre 2300 MW d’ici à 2020. Le Congo, qui estime le coût total de construction de ce barrage entre 12 et 12,5 milliards de dollars, avait annoncé le début des travaux en octobre 2015 pour une mise en service en 2020-2021.
Le pays paraissait très confiant même si lors d’une conférence de presse à Kinshasa le 9 octobre, le ministre des Ressources hydrauliques de l’époque, Bruno Kapandji, déclarait: «Nous sommes ouverts à d’autres opérateurs», lors d’une conférence sur les infrastructures et les mines organisée dans la Capitale. Et d’ajouter: «La porte des candidatures n’a pas été encore fermée».
Le consortium chinois Sinohydro-Three Gorges Corporation, qui exploite le barrage chinois des Trois Gorges, actuellement le plus important au monde, figurait parmi les trois consortiums qui avaient déjà présenté leurs candidatures pour la construction du projet. Les deux autres candidats étaient les espagnols Actividades de Construccion y Servicios (ACS), Eurofinsa et AEE et les coréo-canadiens Daewoo, Posco et SNC-Lavalin.
De son côté, la Banque mondiale annonçait, le 20 mars, avoir approuvé un don de 73,1 millions de dollars pour soutenir la construction du grand barrage hydroélectrique. Les 73,1 millions de dollars débloqués permettraient d’apporter une assistance technique pour le développement du projet. Mi-février, le conseil d’administration de l’institution avait repoussé les discussions sur ce projet qui suscite des craintes de la société civile congolaise. Douze ONG congolaises se sont inquiétées de l’impact du projet sur les populations riveraines du fleuve Congo et ont dû écrire, en janvier dernier, aux administrateurs de la Banque mondiale. Cependant la plupart des grandes organisations environnementales ont reconnu que le projet Inga présentait un coût écologique et social acceptable en regard de son apport en termes de développement, pour le Congo et pour l’Afrique en général.
«Le projet prévoit le détournement d’environ le sixième du débit du fleuve Congo dans la vallée de la rivière Bundi, sur laquelle sera construit un barrage qui créera un réservoir de 15,5 km2», avait précisé la Banque mondiale dans son communiqué, indiquant que «la superficie de terres inondées par mégawatt (MW) produit sera en effet l’une des plus faibles au monde».

AGENDA POLITIQUE.
«En participant au développement du projet Inga 3 BC dès ses débuts, nous pouvons contribuer à faire en sorte qu’il soit correctement exécuté et qu’il change ainsi la donne en fournissant de l’électricité à des millions de personnes tout en soutenant l’activité commerciale et industrielle», a déclaré, de son côté, Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, qui avait visité le site d’Inga lors d’un séjour à Kinshasa. De leur côté, les Etats-Unis envisagent d’apporter un appui financier au projet du barrage hydroélectrique d’Inga 3 situé en République Démocratique du Congo, a indiqué le chef de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Rajiv Shah, le 16 décembre.
«Les États-Unis pourraient ajouter le projet d’Inga 3 à Power Africa, le programme énergétique dédié à l’Afrique et doté 7 milliards de dollars», a déclaré M. Shah à Kinshasa, après avoir rencontré le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, et le ministre Bruno Kapandji. Le Congo n’avait pas été inclus à ce jour sur la liste des six pays africains concernés par le programme Power Africa. Alors directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Congo, Eustache Ouayoro, annonçait le 15 mars que la pose de la première pierre du barrage devrait avoir lieu avant la fin 2016 et que les travaux devraient durer environ 5 ans. Mais voilà que Kinshasa depuis peu change de cap dans la gestion de ce dossier et que le pays s’éloigne de la logique du traité…
Celui-ci avait mis en exergue la coopération sous régionale basée sur le développement intégré. Lequel traité était issu des accords stratégiques conclus notamment entre Kinshasa, Luanda et Pretoria prenant en compte la sauvegarde de la sécurité commune…
La décision de la Banque mondiale repoussant au-delà de 2017 le démarrage des travaux de ce grand barrage hydro-électrique met en lumière la perte par le Congo du contrôle de cet important projet.
Les questions qui se posent peuvent être les suivantes: qui a désormais le contrôle du dossier Inga 3 et notamment la fameuse cellule de gestion Inga 3? Sur base de quelles prérogatives la Banque Mondiale s’arroge les droits souverainement dévolus au Congo dans la gestion de ce projet alors qu’il est connu que ce projet n’a jamais été prioritaire pour la Banque mondiale? La programmation du démarrage de ce projet au-delà de 2017 a-t-elle un lien avec le calendrier électoral congolais? Ce report vise-t-il à priver le Congo des retombées socio-économiques et diplomatiques qu’apporterait la réalisation du projet Inga 3?
ALUNGA MBUWA.


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