L'ancien Premier ministre Kengo dont l'image est détestable dans l'opinion publique avait promis de «revenir au Congo afin de remettre de l'ordre dans la marche de l'Etat.»
Blanchiment d’argent : l’ancien Premier ministre Kengo inculpé à Bruxelles
  • mer, 25/06/2003 - 10:25

Le triple ancien Premier ministre de Mobutu, Léon Lobicth Kengo wa Dondo, a été inculpé à Bruxelles pour blanchiment d’argent, rapporte un article en première page du journal belge «la Libre Belgique» dans son édition datée du 25 juin. «Le juge d'instruction Michel Claise a décidé d'inculper M. Kengo Wa Dondo pour blanchiment d'argent», a confirmé une porte-parole du parquet de Bruxelles, Estelle Arpigny. «La Libre Belgique», très introduite dans les milieux congolais de Bruxelles, a obtenu confirmation auprès de «l’intéressé» qu'elle a joint au téléphone. L’affaire est en relation avec des «faits de corruption», rapporte le journal d’obédience chrétienne. Selon le journal, le juge belge Michel Claise, qui avait succédé au juge Jean-Claude Leys sur le dossier dit «Mobutu» serait en phase terminale de son instruction avant son envoi au parquet.
Bruxelles, 25 juin 2003, la libre Belgique, lesoftonline.net

Kengo Wa Dondo qui a été par trois fois Premier ministre de Mobutu mais aussi procureur général de la République et président du Conseil judiciaire, serait inculpé avec un autre dignitaire congolais, qui pourrait être «un ancien gouverneur de la Banque centrale», selon des sources proches de la communauté congolaise à Bruxelles qui citaient généralement le nom de Patrice Djamboleka L’Oma Okitongono, cousin de l’ancien Premier ministre.

Le dossier «Mobutu» a débuté le 4 juillet 1997 lorsqu’une plainte du nouveau régime congolais introduite alors par le tout nouveau ministre des Affaires étrangères Bizima Karaha (aujourd’hui dirigeant de la rébellion du RCD-Goma) a conduit la justice belge à bloquer les comptes en banque belge de quatre-vingt trois dignitaires de l’ancien régime dont Mobutu ainsi que ceux de leurs épouses et de leurs enfants. Nombre d’eux avaient réussi à gagner l’étranger à la chute du régime où ils menaient un grand train de vie grâce à l’argent détourné et enfoui dans des comptes en Belgique, en Suisse et dans des paradis fiscaux mais d’autres étaient restés à Kinshasa où ils furent arrêtés par «le Mzee» Laurent-Désiré Kabila.

La justice congolaise, dans la plainte introduite par Bizima auprès de son homologue belge, les accusait «de vol, abus de confiance, détournement des deniers publics, recel, corruption.»

A la suite d’un manque de preuves pour certains, la justice fit le 30 juin 1998 la main levée sur soixante comptes.

Une commission rogatoire dépêchée à Kinshasa n’avait pas pu «amener d’éléments de nature à confirmer les accusations» du gouvernement congolais et les personnes concernées ne pouvaient «faire difficilement l’objet de poursuites en Belgique.»

Entre temps, le juge poursuivait son instruction.

A l’époque, c’est le juge d’instruction Jean-Claude Leys qui avait en charge le dossier.

Selon l’ancien Premier ministre que «la Libre Belgique» a pu joindre le 25 juin alors que le lendemain il répondait aux abonnés absents, «ce sont les mêmes griefs qu’à l’époque» qui viennent de lui être notifiés par le juge Claise. Kengo a déclaré attendre de rencontrer son avocat «pour voir ce qu’il en est.»

Beaucoup d’autres dignitaires qui ont trouvé refuge dans la rébellion font l’objet des mêmes poursuites pour des détournements ou des faits de corruption.

On fait généralement état du détournement d’un montant de 100 millions de dollars, don du Fonds koweitien fait au Peuple congolais après le rôle de son gouvernement au Conseil de sécurité des Nations Unies dans la première guerre du Golfe. Cette somme comme d’autres dans le cadre de la réhabilitation des infrastructures routières partit alimenter des comptes dans des banques étrangères. Selon des sources informées à Bruxelles, «ces détournements-monstres» ont été à la base de la désintégration du parti UDI, Union des démocrates indépendants, dont les principaux animateurs, amis de l’ancien Premier ministre, se vouent aujourd'hui une solide inimitié.

Nombre d’eux se sont dit «scandalisés que des sommes aussi colossales aient été aussi indûment détournées par un petit groupe.» Certains avaient réclamé une «infime part» de ce butin de guerre mais «n'ont rien vu venir.»
Ils auraient ainsi vendu la mèche à Laurent-Désiré Kabila qui a réussi cependant à récupérer «quelques miettes.» Les personnes arrêtées à l'époque avaient dû verser chacune un million de dollars avant de retrouver la liberté. C'est le cas de Patrice Djamboleka qui a trouvé asile en Belgique.

L'ancien Premier ministre Kengo qui vit dans une banlieue cossue de Bruxelles et dont le rôle dans la gestion des affaires publiques est diversement commenté par ses compatriotes (pour ne pas dire plus) a été invité par divers émissaires du régime Kabila à regagner le pays. Dans une récente intervention sur une radio internationale, Rfi, il avait promis d'«attendre une certaine visibilité et une lisibilité avant de revenir au Congo afin de remettre de l'ordre dans la marche de l'Etat.»

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