Un complexe immobilier hors normes ouvre le second mandat de Tshisekedi
  • lun, 01/01/2024 - 20:44

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1599|mardi 2 janvier 2024.

L'Histoire retiendra que dès le lendemain de la fin de la campagne pour sa réélection à la magistrature suprême de son pays et à la veille du jour des scrutins, le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a inauguré en grande pompe le Centre Financier de Kinshasa qui englobe aussi un centre de Congrès.
Ce fut le 19 décembre 2023, dix-huit mois après le lancement des travaux d'un chantier hors normes qui couvre un espace de 150.000 m2, ouvert et exécuté par la société turque Milvest dont les ingénieurs à pied-d’œuvre ont fait sortir de terre six imposants immeubles.
En plein cœur de la commune de la Gombe, dans le quartier huppé du Palais de Justice, du ministère des Affaires étrangères, de la Banque Centrale, de l'Hôtel du Conseil, siège du Gouvernement, du Palais de la Nation, siège de la présidence de la République, ces constructions démarrées en juin 2022 peu après la visite à Kinshasa du président turc Recep Tayyip Erdogan qui veut faire de la relation bilatérale entre Kinshasa et Ankara, la pierre angulaire de sa stratégie africaine, accueillent ou accueilleront d'ici juin prochain, des bureaux, des salles de conférence, un grand restaurant, des magasins, un centre des Congrès, un hôtel 5 étoiles avec 240 chambres de luxe réparties sur 19 niveaux. L hôtel est le Marriott qui a fait débloquer à la firme Milvest une somme de 60 millions de $US et dont la société turque assurera la gestion pendant 49 pour récupérer son investissement initial mais le Congo bénéficiera d’une partie des ressources financières générées par cet hôtel.
Deux de ces tours hautes d'une vingtaine d'étages abritent/abriteront les cabinets du ministère des Finances et celui du Budget, de même que certains de leurs services rattachés principalement les trois régies financières qui sont/seront directement interconnectés en permettant d’effectuer plusieurs opérations en un seul endroit.

DE TOUS LES PARIS INFRASTRUCTURELS.
« Cela nous permettra d’avoir une capacité de pilotage renforcée, d’accélérer nos réformes et d’éviter de payer des locations onéreuses », a précisé le ministre des Finances Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji très impliqué dans ce projet. « Les deux ministères - des Finances et du Budget - auront chacun des ascenseurs dédiés que personne d’autre ne pourra emprunter », ont expliqué les ingénieurs turcs.
Le Centre Financier de Kinshasa comprend aussi une piscine de 3.000 mètres carrés, une fontaine - « la plus grande fontaine d’Afrique centrale » -, des espaces verts, un espace où peut se poser un hélicoptère, un parking souterrain d’une capacité de 800 véhicules.
Des locaux sont/seront donnés en location pour exploitation à des fins commerciales.
« Je voudrais tout simplement interpeller la conscience de tout un chacun ici présent, en disant ces mots : c’est possible ! Il est possible non seulement de rêver grand pour notre pays, mais aussi et surtout, de le rendre plus beau et plus grand par la force de l’esprit et par notre investissement collectif à tous les niveaux, comme en témoigne cet édifice sorti de terre en quelques mois », a déclaré le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dans l’auditorium du Centre Financier de Kinshasa, lors de sa prise de parole à la cérémonie officielle d’inauguration, avant de parcourir les allées du site pendant plus d’une heure accompagné d'une foule de personnalités en liesse et de journalistes, à la veille des élections générales.
Lors de ce circuit, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo était entouré du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, du Premier ministre de Sao Tomé-et-Principe, Patrice Trovoada, de certains de ses ministres, de l’Ambassadeur de Turquie à Kinshasa et d'une foule de nombreux partenaires internationaux.
Les travaux de construction de ce site ont été exécutés par une main d’œuvre locale et turque, s'est félicité dans son discours Turhan Mildon, le président du Conseil d’administration de la firme Milvest qui va gérer ce complexe «pendant quelques années avant de le remettre définitivement au Congo et à son peuple ».
Au total, 3.000 ouvriers y ont travaillé/y travaillent nuits et jours. Soit 1.200 Turcs et 1.800 Congolais.
« Après l’inauguration de ce centre, plus de 5.000 emplois seront créés (...). La salle des congrès sera l’étoile brillante de Kinshasa », a poursuivi Turhan Mildon, présenté par un article du site Forbes Afrique comme «le golden boy turc, cheveux gominé et costume cintré impeccable, face à un parterre de personnalités qui avaient sorti les tenues des grands soirs, pour assister à cet événement qui s’est ouvert sur une performance du célèbre orchestre symphonique kimbanguiste, et qui s’est s’achevé sur un spectacle son et lumière où les feux d’artifice se reflétant sur des fontaines en mouvement, n’étaient pas sans rappeler l’attraction-phare de Dubaï, la capitale émiratie». Coût total des travaux de ce site : 290 millions de $US préfinancés par Milvest, dont 110 millions de $US ont déjà été remboursés par l'État congolais, a déclaré le ministre des Finances dans le cadre d'un projet couvert par les Contrats Engineering, Procurement, Construction and Financing. Établie au Congo depuis 2021. Milvest est une société familiale turque Milvest, de Miller Holding. Elle est de tous les paris infrastructurels au Congo.
Elle se veut active dans divers secteurs et se veut « leader dans tout secteur dans lequel elle décide d’investir afin de contribuer au développement du Congo par la réalisation d’infrastructures modernes et d’investissements utiles à la modernisation du Congo, en créant de nombreux emplois », a déclaré Turhan Mildon défiant nombre d'autres partenaires dont certainement des entreprises chinoises.
Outre ce Centre Financier, l'entreprise turque est en effet engagée dans le marché de construction du nouvel Aéroport International de Ndjili d’une capacité d’accueil de 8 millions de passagers mais aussi de la réhabilitation de la Foire Internationale de Kinshasa, Fikin, de constructions de l’Arena d’une capacité de 20.000 places et d'un téléphérique qui devrait désengorger la capitale congolaise. « En tant qu’entreprise, nous nous enracinons fortement dans ce beau pays avec des investissements directs totalisant plus de 190 millions de $US dans divers secteurs et domaines, grâce à nos 6.000 collaborateurs. Nous créons un impact considérable auprès des entreprises congolaises et de leurs sous-traitants (...). Nous avons fait de la République Démocratique du Congo, le centre de nos investissements en Afrique », a encore déclaré Turhan Mildon lors de l’inauguration du Centre Financier de Kinshasa.
L’entreprise turque a annoncé la création d’une académie de formation pour accompagner le renforcement des compétences locales, signe d'un nouveau dynamisme du commerce bilatéral entre Kinshasa et Ankara, qui a atteint près de 40 millions de $US en 2022.
Dans son discours, le ministre des Finances a vanté « la vision et le leadership » du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo «qui a rendu possible la réalisation de ce projet ambitieux qui symbolise sa détermination à bâtir une nation moderne, prospère et ouverte sur le monde », qui, a-t-il poursuivi, «sera à jamais marqué dans la mémoire des Congolais».

NÉCESSITÉ D'UN CADRE DE TRAVAIL PLUS ADAPTÉ.
Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji a ensuite entrepris de justifier l'érection de ce site en évoquant plusieurs raisons. En premier lieu, l'importance d'un cadre de travail plus adapté «offert aux régies financières et à l'ensemble des services du ministère des Finances (ce qui doit) permettre d'accroître la productivité de l'administration publique, la synergie entre services et l'efficacité dans la prise des décisions ».
Le ministre des Finances a estimé que l'économie congolaise a « amorcé une croissance appelée à se consolider compte tenu du positionnement au regard de grands enjeux mondiaux actuels; le budget de l'État a été multiplié par trois ces trois dernières années et le Congo met en œuvre l'un des plus ambitieux programmes de réforme des finances publiques de son histoire qui s'appuie notamment sur l'économie numérique. La loi introduisant l'impôt sur les personnes physiques tout promulguée récemment par le Président de la République - qui est sans contexte la plus grande réforme fiscale qu'aura connu le Congo depuis 1969 - aura pour principal effet d'accroître de manière exponentielle le nombre de contribuables et cela nécessitera une augmentation significative du personnel de l'administration des impôts».
Outre cela, durant ces trois dernières années, le Congo «a multiplié par trois l'encours des fonds mobilisés auprès des bailleurs traditionnels tout en demeurant l'un des pays les moins endettés au monde». «Notre défi le plus urgent est de pouvoir dépenser effectivement et efficacement tous ces milliards (de $US) mobilisés. C'est pourquoi, le ministère des Finances est en train d'entreprendre la réforme de ses services de coordination et de mise en œuvre des projets avec l'appui de l'Institut Tony Blair. Le but est d'accélérer la transformation de notre pays».
Nicolas-Serge Kazadi Kadima-Nzuji a cité des projets d'infrastructures routières prioritaires «qui transformeront notre économie et seront une contribution majeure à la réduction de la pauvreté. Les performances inédites réalisées par le pays doivent être pérennisées». Puis, «l'ensemble des enjeux économiques, sociaux, environnementaux et sécuritaires qui se trouvent au cœur de nos problématiques nationales de développement et placent notre pays, notre nation, au cœur des enjeux régionaux, continentaux, mondiaux, appelleront à faire de notre pays, de notre capitale, un nouveau centre émergent d'idées, de l'innovation, de l'investissement afin de créer des nouvelles opportunités pour notre pays, l'Afrique et le monde».

D. DADEI.
 

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