Près de 3 millions de $US versés par les FARDC au budget de l’Etat depuis fin 2020
  • sam, 06/11/2021 - 11:38

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1538|JEUDI 5 NOVEMBRFE 2021.

Au Congo, la Défense nationale est un service d’assiette dont les recettes non fiscales sont encadrées par la DGRAD. En 2020, elle a versé au Trésor public plus de 1,07 million de $US grâce à la seule entreprise publique gérée par l’armée, Afridex, Africaine des explosifs (ex-Safridex). Au bas mot, 1,66 million $US auraient dûs être versés au Trésor, fin 2021 contre des prévisions minimales de 1,75 million $US en 2022, quand des services comme SEGUCE, OGEFREM, RAM, ICNN, ne sont d’aucun apport au budget de l’État.

Tous les mandataires d’ Afridex sont des officiers généraux des FARDC, le Grand Amiral Baudouin Liwanga Mata Nyamunyobo en étant le DG. Depuis la loi des Finances publiques 2018, le gouvernement a décidé d’autorité de transférer cinq actes générateurs de recettes du ministère des Mines à celui de la Défense nationale, a révélé un expert des Mines.

Il s’agit de la taxe d’agrément des dépôts des explosifs, la taxe d’agrément boutefeu, la taxe sur autorisation de minage temporaire, la taxe sur autorisation d’implantation, d’achat, de transport et d’emmagasinage des produits explosifs/mines et enfin la taxe sur autorisation d’implantation, d’achat, de transport et d’emmagasinage des produits explosifs/carrières. À l’époque, l’État tablait sur des prévisions des recettes d’environ 4 millions de $US lors de l’exercice 2018.

LA CAMORRA CHINOISE.
C’était sans compter avec les fourberies de ressortissants chinois qui se sont rués, dans les Kivu et en Ituri, sur des carrières d’or, de volcan et des terres rares méconnues des services des Mines. Ils usent des procédés dignes des flibustiers et échappent à tout contrôle non sans la complaisance et avec la complicité de décideurs locaux.

À Mwenga, province du Sud-Kivu, un rapport d’une commission parlementaire renseigne que des Chinois ont quasiment établi un protectorat minier «jaune», chassant des creuseurs artisanaux «noirs» congolais. N’eut été l’opposition ferme de la ministre des Mines, Antoinette N'samba Kalambayi, la gouvernance militaire du Nord Kivu allait confier à un Chinois la gestion d’un plateau d’or.

Est-ce pour cela qu'une société chinoise, Auxin Holding, a offert son partenariat à Afridex pour monter deux usines d’explosifs à travers une nouvelle société dénommée Sicodex? Basée à Likasi, la nouvelle société n’est censée fabriquer des explosifs qu’à des fins civiles. Coût du projet : 90 millions de $US totalement financé par les Chinois eux-mêmes. La production annuelle est estimée à 100 000 tonnes d’explosifs, selon le ministère de la Défense nationale.

Au Congo, les principaux utilisateurs des explosifs sont les minings et toutes les autres sociétés disposant de carrières, les sociétés de dragage qui veulent ouvrir la voie sur le fleuve, les sociétés de construction de barrage, l’Agence congolaise des grands travaux. «Même l’ONG MAG chargée de faire le déminage, passe par Afridex parce qu’il n’y a qu’elle, et elle seule, qui ait tous les pouvoirs aussi bien de fabriquer que d’importer et il n’y a qu’elle qui puisse autoriser qui elle veut», selon Me Lievin Ngondji, consultant auprès d’Afridex.

La société compte, en effet, parmi la vingtaine d’entreprises publiques transformées en entreprises commerciales avec statut de SARL puis de SA, après l’adhésion du Congo à l’Ohada, l'Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. Jouissant du monopole de fait de la gestion des explosifs dans le pays, Afridex jouit du statut d’établissement public.
POLD LEVI.


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