La sécurité, la défense, l'année électorale au cœur de la rentrée du parlement congolais
  • lun, 20/03/2023 - 21:54

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1578|lundi 20 mars 2023.

La rentrée parlementaire mercredi 15 mars 2023 a été marquée par des thèmes de sécurité et de défense nationale (guerre à l'Est, massacres à l'Ouest, dans le Grand Bandundu, Kwilu, Kwango, Maï-Ndombe) mais aussi par l'année électorale. Le Soft International des extraits du discours des deux présidents Christophe Mboso N'Kodia Pwanga (Chambre basse) et Modeste Bahati Lukwebo (Chambre haute).  

Christophe Mboso N'Kodia Pwanga : «Depuis aujourd’hui plus de 7 mois, nous avions été tous informés que c’était la hausse des redevances coutumières qui en aurait été l’élément déclencheur. Mais, cela ne nous avait pas empêché de douter tout de suite de cette version des faits comme pouvant justifier de manière péremptoire des tueries à grande échelle des populations autochtones, surtout lorsqu’on sait que les Yaka et Teke sont des peuples paisibles par nature et ont su développer entre eux les liens de fraternité et le vivre ensemble collectif au point de les confondre en un seul peuple. Dans le souci de faire régner la paix entre ces deux peuples frères, S.E.M le Président de la République, Chef de l’état, a institué une commission de pacification devant mettre ensemble ces deux peuples afin de ramener la paix dans le territoire de Kwamouth où les atrocités avaient commencé. En dépit de la mise en place de cette commission, le bilan ne fait que s’alourdir malheureusement. Nous pouvons citer à titre d’exemple les attaques récentes d’un certain nombre de villages. Il s’agit de:

Dans le territoire de Kwamouth :

- l’attaque d’une baleinière au niveau du village Ibali en provenance de Maluku pour Mbandaka occasionnant la mort de plusieurs personnes qui n’avaient rien à avoir dans le prétendu conflit Yaka-Teke ;

- l’attaque du village Kinsele où l’on déplore plusieurs tueries par égorgement et à armes à feu. On signale également la mort d’un sujet chinois par cette attaque (il y a semaine);

dans la commune de Maluku, à Kinshasa : l’attaque du village Sao ; l’attaque du village Kibirika ; l’attaque Village Inkiene ; l’attaque du village Muluono ; l’attaque du village Nkomo ;  l’attaque du village Muanamputu ; l’attaque du village Nkieme.

Nous pouvons noter que de toutes ces attaques, aucune tribu n’est épargnée, tous les habitants de ces villages ont été victimes de ces atrocités. Cela nous pousse à croire qu’il s’agit d’un mouvement insurrectionnel, d’une milice qu’il faut neutraliser. C’est pourquoi, je condamne ces actes de barbarie perpétrés par le mouvement insurrectionnel « Mobondo » et leur demande de mettre un terme, sans délai, à ces atrocités et à leur pensée hégémonique. La vie humaine est sacrée et tout habitant du plateau des Bateke mérite de vivre en paix et de vaquer librement à ses occupations.

A vrai dire, ce conflit fait l’objet de récupération politicienne basée sur des agendas cachés de certains individus mal intentionnés. Je demande donc au Gouvernement de la République de prendre des mesures nécessaires et urgentes pour imposer la paix sur l’ensemble du plateau des Bateke et organiser le retour des populations déplacées dans leurs milieux naturels et que les auteurs de ces massacres subissent la rigueur de la loi. Aux populations Yaka et Teke, je vous exhorte de renforcer davantage vos liens de fraternité et que rien au monde ne vienne vous diviser. Vous êtes priés de dénoncer toute personne qui tenterait de vous solliciter pour intégrer ce mouvement insurrectionnel appelé « Mobondo » qui sème la terreur dans le plateau de Bateke (...). Cette session s’annonce éminemment politique car, dois-je le signaler, eu égard au calendrier publié par la CÉNI en novembre 2022, elle s’ouvre à quelques mois du début de dépôt des candidatures en prévision des élections générales prévues au 20 décembre 2023. En même temps, ce contexte est doublé de l’instabilité persistante et l’exacerbation de la situation sécuritaire à l’Est de notre pays, pendant que le peuple congolais s’apprête à prendre part au quatrième cycle des élections démocratiques sous l’empire de la Constitution du 18 février 2006. Au sujet de la situation sécuritaire à l’Est (...), il est notoirement établi aujourd’hui que notre pays est victime d’une agression de la part de l’armée rwandaise (RDF), larvée en groupe terroriste connu sous le label de M23. Les offensives de cette coalition RDF/M23 ont fait de nombreuses victimes civiles et entraîné un déplacement massif de la population civile, forcée à fuir les violences et autres atrocités. Cette coalition RDF/M23 est à l’origine des tueries collectives et ce, dans l’impunité totale, en violation du droit international, sous le silence coupable de nombreux acteurs tant nationaux qu’internationaux et avec la complicité active de certains de nos compatriotes.

Sur ce chapitre, je tiens à féliciter, au nom de la Représentation nationale, Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, SE Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour tous les efforts diplomatiques déployés, lesquels ont permis de lever le voile, dans l’opinion tant nationale qu’internationale, sur les massacres, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés et en cours de commission depuis plus de vingt ans par le Rwanda, tout en mobilisant des arguments fallacieux des années 1994. Grâce à cette manipulation et à une propagande rétrograde, le Rwanda s’est attiré la commisération internationale, réussissant ainsi à camoufler sa responsabilité dans la tragédie qu’il entretient en RDC pour exploiter illégalement ses richesses et les exposer sur les marchés internationaux. Oui, le Rwanda tue au Congo et Monsieur Kagame défie toute la communauté internationale en dépit des condamnations verbales des États Unis d’Amérique, de la Belgique, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Espagne et de bien d’autres partenaires de notre pays.

Il est aujourd’hui évident que M. Kagame a mis en place un régime de terreur, un État voyou, qui vit des richesses du sang du peuple congolais, se faisant même classer, sans honte ni vergogne, parmi les producteurs du meilleur coltan du monde, alors qu’il n’y a pas ce type de minerais sur son territoire ! Ces mêmes efforts diplomatiques de notre chef de l’État ont atteint leur couronnement avec la remarquable visite apostolique du Saint-Père, Sa Sainteté le Pape François dans notre pays, et dont l’accueil et le séjour ont été une réelle réussite grâce à son implication personnelle (...).

Au nom de la Représentation nationale, je réitère, ici, notre confiance et notre foi dans processus de Luanda, conduit par le Médiateur désigné de l’Union africaine, le Président de la République sœur d’Angola João Lourenço, ainsi qu’à l’endroit du processus de Nairobi porté par le Président honoraire du Kenya, Uhuru Kenyatta, pour le compte de la Communauté des États d’Afrique de l’Est. J’insiste sur le fait que la situation en République Démocratique du Congo met à rude épreuve la viabilité des mécanismes continentaux de règlement de différends. Elle constitue une véritable opportunité pour l’Union africaine de démontrer à la face du monde son efficacité, et tout échec révélerait l’incapacité pour le Continent à se prendre en charge et à apporter des solutions efficaces aux différents conflits entre ses membres, en dépit des réformes institutionnelles réalisées. Cependant, en ce qui concerne le dialogue préconisé, tout en réaffirmant son ferme attachement au dialogue en tant que fondement des rapports dans toute société humaine, la République Démocratique du Congo n’entend s’engager dans un processus de ce genre que si l’agresseur occupant rwandais retire ses troupes et ses exécutants du M23 de notre territoire. Pour la Représentation nationale, procéder autrement serait légitimer l’agression et l’occupation, les massacres, les tueries, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ainsi que toutes les autres indicibles souffrances infligées à notre peuple. C’est à ce titre que le Plan de paix issu des processus de Luanda et des négociations de Nairobi, auxquels la RDC demeure fortement attachée, auront tout leur sens.

Qu’il soit bien entendu que l’attachement de la RDC aux vertus du dialogue ne constitue ni un signe de faiblesse, ni un acte de lâcheté, mais plutôt une attitude responsable justifiée par le souci d’éviter l’embrasement de toute la région d’Afrique centrale. Mais, la RDC doit, en tout état de cause, s’assumer pour assurer la défense de sa souveraineté et l’intégrité de son territoire, de sa terre, de ses ressources et de son peuple face aux velléités expansionnistes et rétrogrades de son voisin, le Rwanda. Il est également opportun d’indiquer que, pour ce qui est de la question du retour des réfugiés congolais, d’où qu’ils viennent, l’Assemblée nationale prendra dans les prochains jours une recommandation pour définir les principes devant sous-tendre cette opération. D’ores et déjà, la Représentation nationale invite le Gouvernement de la République à procéder à une identification préalable privilégiant, parmi les éléments pertinents, le village d’origine et la généalogie des concernés, avec l’appui des chefs coutumiers, de façon à limiter les conséquences du dévoiement d’une telle opération par l’agresseur occupant, notamment à travers une déportation voilée des populations rwandaises vers la RDC, dans le but d’infiltrer ses institutions, comme par le passé. En ce qui concerne les forces de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, il s’observe de manière ostentatoire qu’elles tardent à exercer le mandat offensif en appui aux FARDC, mandat pour lequel elles ont été déployées sur terrain. Elles offrent désormais à notre peuple l’image des troupes en villégiature sur le théâtre des opérations militaires, au lieu de s’engager à faire la guerre. Leur présence sur notre territoire risque de devenir inutilement onéreuse, et son impact devra faire l’objet d’une évaluation froide afin que des conséquences en soient tirées et des mesures correctives idoines qui s’imposent soient prises.

C'est pourquoi, j’en appelle à la vigilance et à la résistance de notre peuple contre l’agresseur. Mobilisons-nous comme un seul homme derrière le Commandant Suprême et nos forces combattantes pour défendre la patrie parce que nous n’avons en commun qu’un seul patrimoine national, la République Démocratique du Congo, que nous léguerons aux générations futures.

Quant à nous, élus légitimes du peuple, aujourd’hui, le temps risque de jouer en notre défaveur. Dans ce contexte d’agression et d’occupation continues de notre pays, les discours politiques aux accents opportunistes sont révolus. L’heure n’est plus à entretenir des divisions entre nous, l’heure n’est plus à la distraction, quelles que soient nos divergences politiques, idéologiques, philosophiques, culturelles, spirituelles et morales. Nous devons resserrer les rangs, éveiller les consciences en léthargie et rester soudés derrière le Chef de l’État. C’est à ce prix-là, qu’ensemble, nous viendrons à bout de l’agresseur occupant du territoire national. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir, pour la victoire finale de notre pays, la République Démocratique du Congo, une seule Nation, un seul Territoire, une seule Patrie, une seule Loi (...).

S’agissant du processus électoral, je tiens, de prime à bord, à rappeler que les dispositions des articles 70, 103 et 105 de notre Constitution instituent un cycle électoral de cinq (5) ans pour l’élection présidentielle, les élections législatives, sénatoriales et provinciales. En application de ces dispositions, il est prévu l’organisation des élections générales en date du 20 décembre 2023 suivant le calendrier publié par la CÉNI».

C. MBOSO N'KODIA PWANGA.

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