La plainte Luzolo: vers une enquête explosive
  • ven, 26/06/2015 - 03:38

Moïse Katumbi a déclaré jeudi à l’Afp être peu surpris par la révélation de la plainte pour fraude. «J’ai déjà eu affaire à la justice juste avant l’élection présidentielle de 2011», a-t-il déclaré par téléphone à l’Afp depuis Lubumbashi. «Je n’ai pas été officiellement notifié» d’une plainte mais «le procédé et la méthode ne m’étonneraient pas», a ajouté l’homme en extrême délicatesse avec le président de la République. Son nom apparaît dans une plainte pour fraude ou corruption déposée mardi au nom du président de la République contre une une cinquantaine de personnes, dont quatre gouverneurs et l’ancien chef de cabinet Gustave Beya Siku dont le nom serait proposé à deux ambassades, Bruxelles et Luanda. Le document, que l’Afp dit avoir consulté, a été rédigé par Luzolo Bambi Lessa, conseiller spécial du chef de l’État pour la lutte contre la corruption. Des personnalités importantes issues de la majorité présidentielle pour la plupart qui sont accusées de quatre types de fraudes: blanchiment d’argent, transfert frauduleux de fonds, fraude douanière ou encore détournement de deniers publics et corruption. La plainte demande au procureur général d’enquêter sur ces allégations de fraude. La plainte vise aussi quatre autres gouverneurs de provinces: Alphonse Ngoy Kasanji du Kasaï-Oriental, Alex Kande Mupompa du Kasaï-Occidental et Marcellin Cishambo, du Sud-Kivu. Tout comme des hauts fonctionnaires de l’Etat et des dirigeants de services et entreprises de l’Etat. Le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. Richissime homme d’affaires passé à la politique, Moïse Katumbi, en théorie toujours membre du parti présidentiel PPRD, poursuit: «Déjà en 2009-2010, le gouvernement congolais avait lancé une procédure judiciaire contre ma famille et moi en Belgique et en Grande-Bretagne». Le gouverneur était alors accusé de trafic d’armes, financement des rebelles et blanchiment d’argent. Ses comptes avaient été saisis et l’affaire s’était terminée par un non-lieu. «A cette époque, M. Luzolo était ministre de la Justice», a ajouté M. Katumbi. «Dès que je serai saisi officiellement [de la nouvelle plainte], je prendrai mes responsabilités». Pour sa part, Rfi dit n’avoir pas lu la plainte d’une vingtaine de pages. Impossible. «secret de l’instruction», a-t-on répondu au bureau du procureur de la République. Mais Rfi a pu confirmer que cette plainte a bien été déposée chez le procureur. Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende Omalanga a eu ces mots: «C’est un document avec une série de dénonciations faites par plusieurs personnes». Selon lui, «il appartient au procureur de la République d’enquêter et de faire le tri. Il n’est pas bon de citer des noms». Cinq hauts magistrats ont d’ailleurs été désignés pour enquêter sur cette affaire. Une enquête qui s’annonce explosive.


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