- jeu, 07/08/2014 - 02:02
Kabila en ami chez les Obama.
Ambiance clairement de retrouvailles à la Maison Blanche lors du diner offert mardi 5 août par le couple présidentiel américain aux Dirigeants africains invités au US-Africa Leaders Summit où le sujet a été les affaires avec un Continent en marche.
D’entrée de jeu, des phrases choc qui en disent long et envoient un message très clair. «Même si l’Afrique continue d’être confrontée à des grands défis, même si beaucoup d’Africains font face à la pauvreté, aux conflits, à la faim et aux maladies, et même si nous travaillons ensemble pour faire face à ces problèmes, nous ne pouvons ignorer la nouvelle Afrique qui émerge. Nous savons tous ce qui fait de l’Afrique une grande opportunité: un continent où la croissance est la plus forte au monde, avec une classe moyenne émergente, des entreprises en pleine croissance et des marchés des télécoms promoteurs au monde».
RIEN QUE SON
COMMERCE AVEC LE BRESIL.
Un message sans équivoque: l’Afrique est le Continent d’opportunités, la «prochaine success story».
C’est donc parti: place à la realpolik pour les Etats-Unis trop devancés par la Chine et parfois par le Japon, l’Inde et... la France.
Lors de son premier discours au US-Africa Leaders Summit mardi 5 août, devant une cinquantaine de Chefs d’Etat et de gouvernements dont deux rois (Mohammed VI du Maroc et Mswati III du Swaziland), le président américain Barack Obama a annoncé un renforcement de son plan Power Africa, porté à 26 milliards de dollars. En reconnaissant que les Etats-Unis d’Amérique avaient pris du retard sur le Continent, notamment par rapport à la Chine. L’air plutôt sobre, l’homme qui a annoncé que la «prochaine success story» serait africaine s’est montré grave à certains moments, l’état des relations économiques entre l’Afrique et les États-Unis étant peu propice aux réjouissances. «Notre commerce avec l’Afrique dans son ensemble est seulement équivalent avec notre commerce avec le Brésil - un seul pays, a déploré le président américain. De tous les biens que nous exportons dans le monde, seul 1% va vers l’Afrique subsaharienne. Donc, nous avons beaucoup de travail à faire. Nous devons faire mieux. Beaucoup mieux».
Sans jamais la nommer, c’est la Chine qui était désignée comme le principal concurrent. «Les États-Unis sont déterminés à être un partenaire pour le succès de l’Afrique - un bon partenaire, un partenaire à égalité et un partenaire pour le long terme, a lancé le président. Nous ne nous tournons pas vers l’Afrique seulement pour ses ressources naturelles. [...] Nous ne voulons pas simplement extraire des minerais du sol pour notre croissance. Nous voulons bâtir de véritables partenariats qui créent des emplois et des opportunités pour nos peuples».
LE TEMPS
DES REVES S’EST ENVOLE.
L’élection en 2008 de Barack Obama à la Maison Blanche avait suscité un espoir démesuré et une indicible fierté de Dakar à Nairobi, du Cap à Bamako. Pour la première fois, les Etats-Unis portaient au pouvoir un président noir, fils d’un Africain. Près de six ans plus tard, le temps des rêves s’est envolé. Barack Obama n’a montré aucune appétence particulière pour le continent de son père. Il ne s’y est rendu qu’à quatre reprises, en Egypte et au Ghana lors de son premier mandat, puis, en 2013, pour une tournée de huit jours au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie à l’été et enfin pour les obsèques de Nelson Mandela en décembre. Mais n’a jamais mis le pied au Kenya, le pays de son père où vivent encore oncles et tantes!
L’organisation de ce premier sommet a donc des allures de course contre le temps perdu, au moment où les perspectives économiques suscitent les convoitises.
Initié par la France en 1973, le principe de ces grands rassemblements a depuis été repris par la Chine, le Japon, l’Inde, l’Union européenne, la Turquie, le Brésil.
Au nom de la défense de ses intérêts, la première puissance mondiale ne pouvait rester en marge plus longtemps, alors que Pékin mène sur ce continent une offensive commerciale. Depuis une décennie, les économies africaines, avec de sérieux écarts selon les pays, dépassent les 5 % de croissance annuelle.
Le président a en outre affiché une ambition certaine pour les prochaines années, avec la réévaluation de son plan Power Africa pour l’électrification du Continent.
USD 33 MILLIARDS DE NOUVEAUX
ENGAGEMENTS.
Il a annoncé 33 milliards de dollars de nouveaux engagements - aide publique et investissements privés - en faveur de l’Afrique, qui contribueront au «développement» du continent africain et à «la création d’emplois» aux Etats-Unis.
«Les Etats-Unis investissent massivement, sur le long terme, dans le progrès en Afrique», a déclaré M. Obama. Le président américain a en particulier annoncé la mobilisation, en partenariat avec le secteur privé, la Banque Mondiale et le gouvernement suédois, de 26 milliards de dollars en faveur du programme «Power Africa», qui vise à doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Il a confirmé que des entreprises américaines, parmi lesquelles Marriott ou General Electric, s’étaient engagées sur de nouveaux investissements d’un montant total de 14 milliards de dollars. M. Obama a cependant insisté sur la responsabilité des dirigeants africains dans la mise en place d’un environnement politique propice au développement économique. «Aussi cruciaux que soient ces investissements, la clé de la prochaine ère de croissance en Afrique ne se trouve pas ici aux Etats-Unis, mais en Afrique», a-t-il lancé. «Le capital est une chose. Les programmes de développement et les projets sont une chose. Mais l’Etat de droit, les réformes réglementaires, la bonne gouvernance sont encore plus importants». «Les gens doivent pouvoir envoyer des biens sans avoir à payer un pot-de-vin ou à embaucher le cousin de quelqu’un», a-t-il ajouté. «L’avenir appartient à ceux qui construisent, pas à ceux qui détruisent. Il est difficile d’attirer des investissements et extrêmement compliqué de bâtir des infrastructures et d’encourager l’esprit d’entreprise au beau milieu d’un conflit», a-t-il souligné.