L’Office Congolais de Contrôle monte en puissance
  • mar, 01/11/2016 - 12:02

On n’en revient toujours pas! Pourtant, cela ne pouvait être plus vrai. Le marché de consommation congolais n’a jamais été aussi dangereux... Au moins 60% des médicaments présents dans notre pays viennent de la contrefaçon! Si ce chiffre est vérifié - aucune raison d’en douter étant donné la source qui, en l’espèce, communique, à savoir, l’Union Européenne - notre pays battrait tous les records... africains! La Fondation Chirac (du nom de l’ancien président français Jacques Chirac) situe à un peu plus de 30% de médicaments faux ou contrefaits vendus sur le Continent - crime abominable de santé publique...

TOXIQUES.
Si nombre de ces produits - pharmaceutiques ou cosmétiques - ne contiendraient aucun principe actif, selon cette étude, nombre d’autres sont sous-dosés ou contiendraient des substances hautement toxiques.
Il y a peu, Le Soft International (n°1371 daté vendredi 9 septembre 2016) s’alarmaient avec des bouteilles de vin de Champagne prétendument Laurent-Perrier Cuvée Rosé vendues à l’alimentation Pelou Store Binza (c’est le cas ailleurs au centre-ville, boulevard du 30-Juin) qui n’en sont pas. «Ils étaient réunis en petit comité familial un soir de la semaine dernière, voulant fêter un moment anniversaire quand une bouteille de Laurent-Perrier Cuvée Rosé, une référence dans le monde notamment grâce à sa bouteille si particulière d’inspiration Henri IV, est extraite de la cave à vins! Debout, le chef de famille s’emploie à déboucher ce magnum prisé en s’activant sur son armature métallique et s’étonne d’y être parvenu plus vite et sans l’habituelle résistance... Mais l’homme qui n’est pas du genre suspicieux pour un sou, décide de continuer son chemin. La bouteille désormais prête à être servie, il ne lui reste qu’à remplir les quatre flûtes posées en rangs serrés sur la table d’une cuisine américaine en verre fumé. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, l’homme remplit sa flûte mais, surprise, ce pinot noir, issu d’un cépage issu d’une dizaine de crus de la Montagne de Reims dont la réputée Côte de Bouzy, classée en Grand Cru, n’a pas son arome de framboise qui colore sa robe. Il faut pourtant pousser jusqu’au terme pour s’assurer du scandale déjà visible: si la robe est de rose, le nez ne sent pas le parfum de framboise et la bouche est loin d’attester cette incroyable fraîcheur qu’on reconnaît à cette Cuvée. Ni le goût. Ni la bulle! Aucun doute n’est possible: ce liquide ne provient pas de cette Cuvée Rosé née en 1968 de l’audace et du savoir-faire de la Maison Laurent-Perrier issu de ses vins tranquilles appelés Coteaux Champenois qui, selon le producteur, a pour exigence la recherche de perfection à toutes les étapes d’élaboration.
La confirmation arrive par le bouchon qui n’est pas ce célèbre bouchon de liège à tête renflée. C’est à l’alimentation kinoise Pelou Store qui l’a vendu en vantant au passage ses produits d’origine contrôlée!

DANGEREUX.
Mais il est vrai que, selon un rapport de l’Union Européenne, près de 85% de produits alimentaires et pharmaceutiques vendus au Congo ne seraient pas d’origine et seraient dangereux à la consommation humaine. Aux postes frontaliers, les services des douanes - quand ils savent ou peuvent se surpasser - mettent la main sur de quantités de produits «impropres à la consommation». Mardi 6 septembre la chaîne nationale de télévision Rtnc a fait état d’une prise de 5 tonnes de produits impropres à la consommation à Lufu, poste frontalier à la frontière angolaise, province du Kongo Central. Dans la Capitale, dans l’arrière-boutique de nombre d’échoppes tenues par des Libanais ou des Indo-pakistanais existent des usines de produits illicites ou de malfaçon approvisionnant des réseaux de commerce mafieux.Même les eaux de boisson aux diverses étiquettes présentes sur le commerce congolais sont souvent puisées et reconditionnées de nuit par des réseaux de malfaiteurs. Le gérant de l’alimentation Pelou Store à qui le comité familial a retourné la bouteille n’a eu qu’à reconnaître le crime, expliquant qu’il en ferait rapport à son patron...».
Poste frontalier de Lufu, à la frontière angolaise. C’est la troisième porte d’entrée de produits destinés au marché de Kinshasa après les ports de Matadi et Boma. C’est à ce poste précisément que l’Office Congolais de Contrôle, l’œil vigilant du commerce extérieur national, vient d’installer - «urgence faisant nécessité», explique la Directeure Générale Mme Bernadette Muongo wa Nabahasha dans son discours - un laboratoire modulaire de chimie et de microbiologie visant, explique-t-elle, «à sécuriser nos populations dans la consommation des produits de qualité».

LUTTE ENGAGEE.
Le cri d’alarme avait été donné début novembre 2015 dans la Capitale par le chargé d’affaires de l’ambassade de l’Union Européenne, Bertrand Soret. Devant la ministre du Commerce Extérieur, Nefertiti Ngudianga Bayokisa, le diplomate européen procédait à la remise d’un lot de matériels de laboratoire à l’OCC.
Ce fut la deuxième fois en 2015 que l’UE venait à la rescousse de l’OCC, trop souvent incapable de poser des avis pertinents sur des produits à l’import/export, en vue de - l’expression est courante - «renforcer ses capacités». L’aide européenne entrait dans le cadre du Programme d’Aide au commerce de l’UE, en abrégé AIDCOM.
Si un précédent don effectué le 31 juillet était destiné à assurer le contrôle des produits agro-alimentaires, celui de novembre intéressait les analyses des produits pharmaceutiques et cosmétiques. L’UE estime son action allant dans le sens de contribuer à la lutte globale contre la contrefaçon de produits pharmaceutiques et cosmétiques qui inondent le marché mondial et met en péril la santé de tout un chacun. Face au fléau, les Européens veulent «promouvoir les initiatives en soutenant l’Office Congolais de Contrôle qui appuie le ministère de la Santé pour le contrôle des produits pharmaceutiques aux frontières», avait expliqué le chargé d’affaires.
Depuis sa prise de fonctions, la Directeure générale de l’OCC a, à cœur, le souci de «sécuriser encore et toujours les populations congolaises dans un domaine particulièrement dangereux où la contrefaçon des médicaments est devenue un fléau planétaire».
Avec ses partenaires (UE et autres), elle voit l’OCC «évoluer sur la voie de la révolution de la modernité chère au Président de la République, Chef de l’Etat». A Kinshasa, elle avait lancé un projet d’érection d’un bâtiment digne d’abriter un laboratoire (métrologie, microbiologie et technique) désormais doté d’équipements sophistiqués tout en innovant les bâtiments existants.
Elle avait annoncé pour 2016 un programme d’érection sur fonds propres des bâtiments des laboratoires ultramodernes. Chose promise, chose faite.
L’inauguration du poste de Lufu intervient après celui de Likasi en juin dernier et peu avant l’ouverture des laboratoires de Boma et de Moanda. En novembre et décembre, la Directeure Générale Bernadette Muongo wa Nakabasha annonce l’inauguration d’une série d’autres laboratoires dans le Corridor Est: Bukavu et Uvira au Sud-Kivu, Butembo dans le Nord-Kivu, Kisangani dans la Tshopo, Bunia et Aru dans l’Ituri.
La montée en puissance de l’OCC portée - il faut le reconnaître aussi - notamment par l’UE dans le cadre du programme d’appui au secteur de la santé - un des secteurs de concentration de la coopération au développement avec des moyens évalués à 91 millions d’euros pendant les dernières années dans le cadre Xème FED - permet aux autorités du pays de préparer l’intégration du Congo dans l’économie régionale et mondiale dans le cadre de l’Accord de partenariat économique en cours de finalisation.
Environ 145 millions d’euros sont prévus dans le cadre du XIème FED pour la période 2014-2020. L’UE s’est engagée à accompagner le gouvernement dans son effort d’améliorer l’accès aux soins de qualité dont l’assurance de la disponibilité des médicaments de qualité est un volet.
ALUNGA MBUWA.

A Lufu, la DG Bernadette Muongo fait état d’une «situation d’urgence»

Ci-après le discours de la Directrice Générale Mme Bernadette Muongo wa Nabahasha prononcé à l’inauguration du Laboratoire de Lufu.

Excellence Monsieur
le Vice-Gouverneur, Représentant de Son Excellence Monsieur le Gouverneur du Kongo Central,
Mesdames et Messieurs;
Distingués invités en vos titres et qualités;
Avant toute chose, je voudrais m’acquitter d’un agréable devoir, celui de saluer et d’adresser mes remerciements les plus vifs à Son Excellence Monsieur le Gouverneur du Kongo Central dont la gouvernance exemplaire permet à l’Office Congolais de Contrôle de s’épanouir dans sa juridiction.
Mes remerciements s’adressent également à vous tous, distingués invités, qui avez daigné nous bénir de votre présence et à qui je souhaite la bienvenue en ce lieu.
Excellence Monsieur le vice-Gouverneur,
Distingués invités,
Le geste d’aujourd’hui revêt une portée particulière, car il procède de la vision de la modernité prônée par Son Excellence Joseph Kabila Kabange, Président de la République et Chef de l’Etat, à qui nous rendons hommage, qui veut hisser la République Démocratique Congo au diapason des Etats modernes.
Ma satisfaction est d’autant plus grande que la présente cérémonie répond, de manière précise, à la préoccupation de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, qui, dans sa matrice «Actions-Résultats», avait assigné au Ministère du Commerce des objectifs à atteindre, au nombre desquels déjà affectés à l’Office Congolais de Contrôle, à savoir: l’amélioration du contrôle de qualité de tous les produits et la confirmation de l’accréditation des laboratoires de l’Office Congolais de Contrôle. Cela passe par le renforcement des infrastructures de contrôle fiables, gage de sécurisation et de promotion des produits locaux dans l’espace régional.
Force est de constater que Lufu est la troisième porte d’entrée de marchandises à destination de Kinshasa, après Matadi et Boma.
L’urgence faisant nécessité, il est devenu impérieux d’y établir l’infrastructure dite «laboratoire modulaire de chimie et de microbiologie» en vue de sécuriser nos populations dans la consommation de produits de qualité.
C’est ici l’occasion d’exprimer à Madame la Ministre du Commerce notre gratitude pour son indéfectible soutien et ses efforts inlassables pour la mise à niveau de l’OCC.
Excellence Monsieur le vice-Gouverneur,
Distingués invités,
L’inauguration de ce jour est la deuxième d’une longue série pour cette année 2016. Après Likasi en juin dernier, nous voici à Lufu aujourd’hui et, cette même semaine, les laboratoires de Boma et de Moanda seront inaugurés.
En novembre et décembre prochains, la série se poursuivra avec les laboratoires du Corridor Est, à savoir: Bukavu et Uvira au Sud-Kivu, Butembo dans le Nord-Kivu, Kisangani dans la Tshopo, Bunia et Aru dans l’Ituri.
Bien plus, l’Office a acquis six laboratoires mobiles de contrôle environnemental et microbiologique dont un sera positionné dans le Kongo Central.

Excellence Monsieur le Vice-Gouverneur,
Distingués invités,
Grâce à l’appui de ses partenaires, l’Office Congolais de Contrôle a également pu bénéficier des équipements de laboratoire pointus et du renforcement de capacités des analystes du Réseau National des Laboratoires par l’organisation de trois sessions de formation à Kinshasa, Lubumbashi et Goma. C’est ainsi que pour couronner le tout, il sera lancé un appel d’offres, dans les touts prochains jours, en vue de la construction du grand laboratoire central de Kinshasa, qui aura l’avantage de fédérer tous les laboratoires de l’Office disséminés dans la ville de Kinshasa et ce, dans le respect des normes.

Excellence Monsieur le vice-Gouverneur,
Distingués invités,
Je m’en voudrais de clore mon allocution sans adresser mes félicitations soutenues aux cadres et agents de l’Office Congolais de Contrôle, qui ont fait preuve de beaucoup d’abnégation et de professionnalisme dans la réalisation de cet ouvrage.
Je vous exhorte donc à gérer cet outil en bon père de famille et d’en prendre soin de manière responsable.
Vive la République Démocratique du Congo!
Vive l’Office Congolais de Contrôle!
Je vous remercie.


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