- mar, 15/12/2015 - 04:11
Les Katebe savent que s’ils se passent de Tshisekedi et de son mot d’ordre, aucun n’a aucune chance d’arriver nulle part…
Tshisekedi wa Mulumba Etienne, Katebe Katoto Soriano Raphaël, Katumbi Chapwe Moïse. Chacun des trois veut - et y tient mordicus - être Président de la République. Quand les trois hommes évoquent une candidature commune à la Présidence de la République, ils se mentent. Soriano estime qu’il peut tout obtenir de son cousin qu’il a élevé - dans l’entreprise familiale frigorifique poissonnière - et à qui il a tout donné le premier fric, le prenant avec lui jusqu’au Dialogue de Sun City dans son ombre. Qu’il peut attendre le jour d’après! Mais Moïse estime que son heure a sonné, qu’il a le fric et les réseaux et son club de foot. Mais le vieux lutteur Tshisekedi n’a pas dit son dernier mot. Les deux parents savent que s’ils se passent de Tshisekedi et de son mot d’ordre, aucun n’a aucune chance d’arriver nulle part…
Le propos est sans équivoque aucune. «L’objectif (de l’accord), c’est l’alternance en 2016», explique l’ancien gouverneur PPRD du Katanga Moïse Katumbi Chapwe. «Il faut un changement de régime et un changement de politique», renchérit le fils Tshisekedi, Félix Mukendi.
Jeudi 10 décembre à Paris, dans un discret hôtel du VIII ème arrondissement parisien, l’ancien gouverneur PPRD de l’ex-Katanga et le fils de l’opposant historique Félix Tshisekedi Mukendi ont créé l’événement.
Devant un groupe de journalistes amis, ils se sont rencontrés et ont passé un accord. Ils veulent faire cause commune pour obtenir une élection présidentielle sans participation du président Joseph Kabila Kabange et dans les délais constitutionnels. Ils ont évoqué une candidature commune.
Chacun d’eux était accompagné d’un des siens. Le fils Tshisekedi avait à ses côtés Samy Badibanga, député UDPS, président du premier groupe parlementaire d’opposition (UDPS et alliés). Moïse Katumbi Chapwe était accompagné d’un de ses conseillers. A Bruxelles où le père poursuit des soins, ce fut une rencontre au sommet: l’ex-millionnaire Raphaël Katebe Katoto Soriano, cousin de Moïse Katumbi avait présenté à Etienne Tshisekedi l’ancien gouverneur du Katanga.
TROIS CANDIDATS PRESIDENTS.
Alfred Katebe Katoto Soriano et Etienne Tshisekedi wa Mulumba se connaissent de longue date.
Depuis les années RCD-Goma dont Katebe fut l’un des financiers et que l’opposant historique anti-Mobutu et anti-Kabila rallia au lendemain de l’échec du Dialogue inter-congolais de Sun City dans le cadre de l’ASD (Alliance pour la sauvegarde du Dialogue inter-congolais).
Entre le millionnaire et l’opposant, le courant est vite passé...
Qu’ont-ils décidé à Bruxelles? On sait Raphaël Katebe Katoto Soriano grand connaisseur du Katanga où il fit fortune dans des marchés de fourniture du poisson du lac Moero aux agents de l’entreprise Gécamines. Son cousin Moïse Katumbi fut son second...
Katebe quitta déguisé l’ex-Zaïre pour Bruges, dans le nord flamand de Belgique où il possédait un énorme château, après des accusations qu’il aurait perpétré un meurtre sur un sujet grec accusé de lui avoir pris sa femme...
Depuis, il est sous le coup d’un mandat d’amener même s’il avait pu se rendre à Kinshasa au lendemain du régime 1+4 mis en place après les accords de Prétoria, grâce à une exceptionnelle prise en charge de l’ancien bras droit du Chef de l’Etat, feu Samba Kaputo. Il ne fut guère inquiété...
Mais Katebe qui fut tout au long du dialogue inter-congolais (de Gaborone à Sun City en passant par Addis Abeba) candidat à la Présidence de la République encouragé par une ribambelle d’opposants internes et externes payés rubis sur l’ongle mais qui finirent par le lâcher, ne s’est jamais regardé dans le miroir un matin sans y voir le visage du futur président de la République.
Voilà trois candidats potentiels présidents de la République: Katebe, Katumbi, Tshisekedi.
Quand à Paris, le fils et le cousin évoquent une candidature commune, vers qui tendent-ils?
A Paris, les médias commentent cette rencontre comme un tournant dans le marathon politique congolais qui doit mener aux scrutins. L’accord qui en est sorti se compose de plusieurs points, au premier rang desquels le refus du «dialogue national» annoncé par le Chef de l’Etat Joseph Kabila. Félix et Moïse sont désormais convaincus qu’il s’agit d’une manœuvre pour obtenir un report de la Présidentielle, au-delà du délai constitutionnel de novembre 2016.
L’objectif, c’est l’alternance en 2016», explique Moïse Katumbi. «Il faut un changement de régime et un changement de politique», renchérit Tshisekedi
«Nous voulons un calendrier consensuel qui donne la priorité à des élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels et qui soient conformes aux standards internationaux», ajoute le dép. Samy Badibanda.
«Nous voulons aussi que le fichier électoral soit révisé conformément aux recommandations de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)», poursuit-il.
Puis la possibilité de soutenir un candidat commun lors de la présidentielle, a précisé Samy Bandibanga sans donner ni l’identité, ni le mode de désignation de ce candidat.
«Il est encore trop tôt», faisaient savoir les participants. «Tous les partis politiques qui veulent l’alternance sont les bienvenus parmi nous», a précisé Félix Tshisekedi qui a fait partie pour le compte de l’UDPS des discussions avec le camp présidentiel à Venise, en Italie et à Ibiza en Espagne.
Mais au lendemain de la convocation du dialogue national inclusif par le président de la République, le 28 novembre, Félix Tshisekedi a fait volte-face, renonçant d’y participer, arguant que «la présence de la communauté internationale [était] une condition sine qua non de [sa] participation». «Si c’est une initiative de la communauté internationale, nous ne sommes pas opposés. Mais un dialogue sous l’égide du seul Joseph Kabila, il n’en est pas question». Nombre d’analystes y voyant des «complications familiales».
Il ne serait pas sans intérêt de relire cet extrait du Soft: «Que reste-t-il à Tshi-Tshi? La famille biologique: Félix Tshilombo, le fils; l’épouse Marthe. Des porte-parole qui ne portent que leur propre parole. D’où le désordre, les accusations. Faut-il approcher des nouveaux venus? L’UNC Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi? Le G-7 Moïse Katumbi Chapwe? Plutôt le frère aîné de celui-ci Raphaël Katebe Katoto Soriano? Qui a le mérite d’être de son âge... Car le problème de Tshisekedi est là! Qui de ces «gamins méprisables» pourrait lui donner quelle leçon de la vie qu’il refusa de son ami Mobutu qui le menaça des pires représailles sans qu’il ne fléchisse, en dépit de ses armes, dans un contexte où toutes les balles ne pouvaient être perdues pour tout le monde? Reste que personne sauf la famille ne sait comment se porte le «Lider Maximo», comment se réveille «le Sphinx de Limete», comment se nourrit-il.
Ses porte-parole changeant - dont Bruno Mavungu Puati - peuvent tout expliquer aux médias et faire toutes les annonces et les désannonces. Ils savent que Tshisekedi est imprévisible, que nul ne l’a jamais apprivoisé!
Donnera? Donnera pas le go au Dialogue? Viendra? Viendra pas pour sa crédibilité? Personne que Tshisekedi ne sait! Il a fait venir à Bruxelles un chaud partisan du dialogue, le Dép. honoraire Jean-Pierre Lisanga Bonganga - l’homme du Maréchal par excellence! Mais Etienne Tshisekedi wa Mulumba est celui qui, après vous avoir donné sa parole en acceptant de voler avec vous, peut vous désintégrer en plein vol. Sans que vous ne sachiez pourquoi! Tous ceux qui l’ont côtoyé le savent» (Le Soft n° 1338, vendredi 20 novembre 2015).
D. DADEI.