Au sein du Comité mixte stratégique, l’argentier national Henri Yav gagne son pari
  • mer, 14/03/2018 - 05:30

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Aux mois de juin et de juillet 2017, la situation économique et financière du pays avait connu une brusque détérioration, marquée par une accélération de la dépréciation du taux de change du CDF face au dollar américain.

Il fallait ainsi CDF 1.700 contre 1 US$, une augmentation du taux d’inflation cumulant à 8,1% en juillet 2017 en rythme mensuel, une détérioration des réserves internationales de change qui se retrouvaient à un niveau jamais atteint, depuis de longues années, soit US$ 690 millions.
En vue de faire à cette urgence, le Président de la République, Joseph Kabila Kabange institue un Comité mixte stratégique mis sous la présidence de son Directeur de Cabinet, le professeur Nehemie Mwilanya Wilondja comprenant notamment le ministre des Finances Henri Yav Mulang et le gouverneur de la Banque Centrale du Congo Déogratias Mutombo Mwana Nyembo en charge de stabiliser la situation, en arrêtant la dépréciation du CDF face à la devise étrangère, en maîtrisant le rythme de l’inflation et en confortant le niveau des réserves de change avant de faire bouger les lignes de la relance de la production intérieure.
Le 30 août 2017, lors d’un Conseil des Ministres, ces mesures initiées par le Comité mixte stratégique ont reçu le go head.
Deux principales catégories des mesures furent prises dès juin 2017. Les premières furent des mesures de resserrement budgétaire avec pour objectif de maintenir l’équilibre des Finances publiques en vue d’éviter des déficits de trésorerie publique, préjudiciables à la stabilité du CDF.
Les secondes concernent des mesures visant à mobiliser de manière plus accrue les recettes du Trésor et, du coup, de reconstituer progressivement les réserves de change. Parmi ces mesures, on pourrait citer celles portant alignement des dépenses aux recettes réellement encaissées et la priorisation des dépenses contraignantes (rémunérations, sécurité et dépenses de souveraineté, Commission Electorale Nationale Indépendante et dette extérieure) mais aussi des mesures de lutte contre la fraude et la contrebande, notamment l’application ferme du décret limitant le nombre des services autorisés aux frontières, l’assainissement de la profession des commissionnaires en douane, la redéfinition et la requalification du commerce frontalier.

TAXES ILLEGALES.
D’autres mesures concernent la suppression des taxes illégales sur les importations, la réorganisation du guichet unique du commerce extérieur, l’instauration d’un bulletin unique de liquidation des taxes perçues par les services autorisés à intervenir dans les opérations d’import-export ou à prester aux frontières outre le rappel de l’application des dispositions de la réglementation de change relatives au rapatriement des devises par les exportateurs, singulièrement par les sociétés minières. Celles-ci visant à reconstituer les réserves internationales.
Autre mesure structurelle appelée à booster les recettes fiscales: la tenue du Forum National sur la Réforme du système fiscal dont la finalité est de doter le pays d’un système fiscal simple, compétitif et à rendement élevé. Principaux acquis de ces mesures: outre l’adoption de plusieurs textes juridiques destinés à encadrer les différentes mesures (décrets, arrêtés interministériels et ministériels, circulaires, etc.), touchant les secteurs de finances, du commerce extérieur, de l’économie nationale, des mines, du portefeuille et de la réglementation de change), il faut épingler l’accalmie de la surchauffe enregistrée sur le marché de change, la stabilisation relative de la valeur de la monnaie nationale, la réduction du taux d’inflation mensuel et le relèvement progressif et substantiel du niveau des recettes de l’État et des réserves internationales.
Ainsi, au 31 décembre 2017, il est noté un rebond, quoiqu’encore timide, du taux de croissance du PIB réel passant de 2,4% en 2016 à 3,4% à fin 2017, une accalmie sur le marché des changes où le taux de change indicatif du CDF contre l’US$ s’est établi à CDF 1. 592 à fin décembre 2017, après la période de forte volatilité enregistrée entre juin et juillet 2017; ce qui situe le taux de dépréciation du CDF à 23,63% en 2017 contre 23,67% en 2016. Il faut souligner également une décélération du taux d’inflation qui, quoique s’élevant fin 2017 à 54,7% contre 23,6% en 2016 à la suite de l’envolée des prix enregistrée aux mois de mai, juin et juillet, a connu en rythme hebdomadaire une décélération avec une moyenne, depuis août 2017, de moins de 1% contre près de 2% entre juin et juillet. Côté évolution des finances publiques, elle a été globalement bonne grâce à une gestion rigoureuse des ressources qui, malgré une tendance haussière constatée au dernier trimestre de 2017, sont restées relativement faibles par rapport aux besoins demeurés constants, voire en hausse. Avec l’imposition de cette discipline budgétaire, marquée par le refus des déficits de trésorerie, le Gouvernement a honoré l’essentiel des dépenses contraignantes en clôturant l’année 2017 avec des excédents de trésorerie cumulés de CDF 50,8 milliards après des années 2015 et 2016 successives terminées par des déficits respectifs de CDF 258 milliards et CDF 478 milliards. Une relative bonne tenue des finances publiques qui a permis au Gouvernement de diminuer le crédit net à l’État et de favoriser l’accumulation, par la Banque Centrale du Congo, des réserves internationales, celles-ci augmentant de US$ 686 millions en juin 2017 à US$ 860 millions à fin décembre 2017, dans une stabilité retrouvée du CDF sur le marché des changes.
Il reste, cependant, établi que la compression des dépenses, conséquence des arbitrages effectués en fonction des disponibilités de Trésorerie, a eu à décaler le financement des investissements publics dans les domaines des infrastructures, de la santé et de l’éducation. Ces résultats dénotent des efforts notables déployés pour stabiliser le cadre macroéconomique. En dépit de l’embellie constatée à fin 2017, le Gouvernement ne saurait relâcher les efforts mais doit prendre les dispositions pour consolider ces acquis, tout comme pour les amplifier par une relance de la production locale. La relative stabilisation réussie du cadre macroéconomique permet d’envisager en 2018 des actions de relance économique, reposant sur la production intérieure, sur des bases assainies. Les pressions attendues sur les dépenses, liées notamment au financement du processus électoral et le contexte d’agitation politique généralement perceptible en période préélectorale font que le Gouvernement doit maintenir la même discipline budgétaire.
Côté Banque Centrale du Congo, celle-ci devrait coordonner sa politique monétaire avec la politique budgétaire de zéro déficit de trésorerie menée par le Gouvernement, en évitant toute action de création de surliquidités sur le marché monétaire.

LE CODE MINIER.
Au plan budgétaire, et pour ce qui est de la mobilisation des ressources internes, en particulier, l’entrée en vigueur du Code minier révisé et la mise en oeuvre effective de la réforme fiscale, dont les premières mesures d’application immédiate ont été intégrées dans la loi des finances 2018, sont d’une importance capitale pour permettre à l’Etat de faire face à ses engagements au cours de cette année électorale, tout en préservant les équilibres macroéconomiques. Outre la nécessité de conforter et de consolider les résultats obtenus en 2017, le Gouvernement appelle à mettre un accent en 2018 sur la relance de la production intérieure dans les différents secteurs d’activité économique, avec comme priorité la production agricoleCette deuxième composante d’actions prioritaires en 2018 devrait reposer sur le développement de la production agricole et agroindustrielle, s’appuyant aussi bien sur la poursuite du soutien à certaines unités agroindustrielles existantes et la relance de la production paysanne, en interaction avec les Autorités provinciales et locales. Mais aussi sur le financement des investissements dans le secteur agricole et dans les infrastructures des voies d’évacuation de la production (routes de desserte agricole, balisages des voies fluviales et lacustres, redynamisation des activités de la SNCC, etc.), sur la transformation des produits agricoles ou la réalisation des projets à impact visible ayant des effets directs sur les conditions de vie de la population aussi bien rurale qu’urbaine (adduction et forage des puits d’eau, électrification rurale, entretien de la voirie et assainissement de grands centres urbains, etc.). Autant d’actions tirées des 28 mesures urgentes du Gouvernement élaborées déjà à l’époque du Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon. Leur mise en œuvre permet de réduire progressivement la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur dans le domaine alimentaire, de réaliser des économies des devises affectées aujourd’hui aux importations des biens de consommation et de contribuer à développer la résilience de notre économie nationale.
Il va de soi que le Gouvernement via son argentier national Henri Yav Mulang va intégrer ces mesures dans le cadre d’un programme économique prioritaire du Gouvernement, décliné sous la forme de feuille de route, reprenant les différentes actions à mener, une estimation des moyens pour leur financement ainsi qu’un chronogramme de leur réalisation.
D. DADEI.


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