- sam, 06/11/2021 - 12:07
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1538|JEUDI 5 NOVEMBRFE 2021.
Sourire, poignées de main toniques, chaudes et longues accolades, amabilités, etc. Jamais Mobutu connu pour avoir été un proche des Américains, n'avait eu droit à un tel accueil public. Il avait effectué vingt-quatre visites aux États-Unis, rencontré autant de fois les présidents américains, ses enfants avaient été accueillis et avaient séjourné à la maison familiale des Bush, au Texas.
RELATIONS AU BEAU FIXE.
Se connaissaient-ils avant ? Qui le dirait?
Samedi 30 novembre à Rome, en Italie, dès l'entame du Sommet du G20 (le Groupe intergouvernemental créé en 1999, formé de dix-neuf des pays aux économies les plus développées et de l'Union Européenne, dont les chefs d'État, des chefs de gouvernement, des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales se réunissent annuellement, auquel se sont joints cette année l'Union Africaine et quelques Présidents africains), le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo présent au titre de président de l'Union Africaine et Joseph R. Biden, dit Joe Biden, l'homme le plus puissant de la Terre, ont surpris l'assistance par un assaut d'amabilités, une rencontre des plus cordiales.
Le président américain, un vieux de la vieille en matière de diplomatie, a clairement et publiquement affiché un état de relations au beau fixe entre Washington et Kinshasa.
Des relations qui, depuis l'arrivée des Kabila au pouvoir, avaient été souvent tendues.
A LA MAISON BLANCHE...
Samedi 30 novembre à Rome, devant caméras et photographes du monde, et des centaines d'officiels venus de toute la planète, la première rencontre en tête-à-tête entre Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et un président américain a été un événement majeur en communication.
Le 46ème Président des États-Unis qui, depuis son investiture, le 20 janvier 2021, n'a rencontré qu'un seul président africain, le Kenyan Uhuru Kenyatta, reçu le 15 octobre dans le bureau ovale, a mis en scène sa complicité avec le fils du Sphinx, en constatant que ce président avait du répondant. En clair, le président d'un pays avec lequel les États-Unis ont établi en avril 2019, lors de la première visite du président Tshisekedi aux États-Unis, un partenariat stratégique privilégié pour la paix et la prospérité mettant l'accent sur la promotion de la paix, la sécurité, la lutte contre la corruption, la promotion des droits de l'homme, la gouvernance, la création de conditions permettant des investissements américains plus importants rendus possibles avec la réintégration du Congo à l’AGOA, la loi américaine sur la Croissance et les Opportunités de Développement en Afrique décidée par Donald Trump en mai 2020, après dix ans d’exclusion.
Si, en 2011, le Congo présent sur la liste des pays susceptibles de bénéficier des préférences commerciales offertes par les Américains, avait réalisé plus de 623 millions de $US d’exportations vers les États-Unis, pour l’essentiel de produits agricoles, ces exportations étaient de 21 millions de $US en 2019.
Si ce partenariat qui a vu défiler au Congo des spécialistes du renseignement et de la défense date de Trump, l'arrivée du démocrate Biden va permettre de réaffirmer les «liens historiques» des deux vieux alliés. C'est le message d'une relation teintée de complicité que clairement le président américain a partagé à Rome à l'issue d'une rencontre qui a duré un peu plus d'une demie-heure quand elle était prévue pour une quinzaine de minutes. Alors que des sources annoncent une visite imminente à Kinshasa du président français Emmanuel Macron, il est possible de s'attendre à un accueil prochain de Tshisekedi à la Maison Blanche.
Certes, aucune source officielle américaine n'a encore rien annoncé.
Et si le 25 novembre de chaque année est le Thanksgiving, que la rentrée à Washington a lieu mi-janvier, qui ne sait que «The President is always working no matter where he is» (le Président travaille sans arrêt, peu importe où il se trouve).
A Rome, le message est passé. On peut tout commenter, c'est un message fort que le Chef de la Maison Blanche a voulu délivrer à qui veut: « Avec Kinshasa, nous sommes d'excellents amis.
Les relations entre nous n'ont jamais été aussi cordiales. Les projets économiques à venir vont raviver nos liens qui ont connu une stagnation ces dernières années ».
Dans le readout (compte rendu) officiel fait le 30 octobre à l'issue de ce tête-à-tête, le service de communication de la Maison Blanche parle de « la réunion du Président Biden avec le Président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi ».
« Le Président Joseph R. Biden, Jr. a rencontré le Président de la République démocratique du Congo (RDC) et Président de l’Union africaine (UA), Félix Tshisekedi, en marge du G20 ». Puis : « Les dirigeants ont parlé de l’engagement commun des États-Unis et de l’UA en faveur de la sécurité sanitaire mondiale et de mettre fin à la pandémie de Covid-19 dans le monde entier. Ils ont également évoqué l’accord récent facilité par les États-Unis entre Moderna et l’UA afin de mettre à la disposition de l’UA jusqu’à 110 millions de doses de vaccin dans des délais réduits.
Ces doses viennent s’ajouter aux 63 millions de doses de vaccin que les États-Unis ont déjà expédiées à l’UA, des dons de doses supplémentaires des États-Unis étant livrées chaque semaine ». Puis : « Les dirigeants ont également échangé sur l’impératif de protéger la forêt tropicale du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette de carbone à l’horizon 2050. Le président Biden a salué le travail du Président Tshisekedi en faveur de la transparence, de la lutte contre la corruption et du respect des droits humains dans le cadre de la gestion de ses vastes ressources naturelles par la RDC.
Ils ont également évoqué l’action du Président Tshisekedi dans ses fonctions de Président de l’UA en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique, notamment la nécessité de résoudre la crise qui prend de l’ampleur en Éthiopie et de rétablir le gouvernement de transition dirigé par des civils au Soudan ».
T. MATOTU.